Brayan Obando : "Me préparer en Colombie pour arriver en forme en Europe"
L'ancien double vainqueur du Tour d’Équateur Juniors a rappelé son talent en remportant la dernière étape de son tour national, chez les Élites. Après un été d'apprentissage sur les Tour de l'Avenir et de Savoie Mont-Blanc, mais aussi plusieurs expériences colombiennes, Brayan Obando, 20 ans, compte revenir en Europe, en 2022, pour y montrer son potentiel. A la découverte d'un autre grimpeur made in Carchi.
Brayan, comment as-tu débuté le cyclisme ?
Faire du vélo avec mon père et mes amis est un plaisir depuis que je suis tout petit. J'ai débuté à 14 ans avec la Fédération sportive de Carchi en même temps qu'une cousine. Je suis né dans une famille de paysans. Mon père préférait un autre sport, mais ma mère aimait le cyclisme : pour aller travailler dans les champs, elle prenait un vélo, parfois sans frein.
Est-ce que cela a toujours été ton rêve de devenir cycliste professionnel ?
Avant cela paraissait vraiment difficile, voire impossible, d'être cycliste professionnel et de rejoindre une équipe comme celle de Richard Carapaz, parce qu'aucun Équatorien ne l'avait encore fait. Mais peu à peu grâce à lui, Jhonatan Narváez, Jonathan Caicedo et les cousins Cepeda (Alexander et Jefferson, ndlr), les mentalités ont changé. Si eux ont réussi, moi je vais lutter pour les rejoindre. Avec mes vingt ans, j'espère réaliser une grande saison 2022 pour réaliser le grand saut vers l'Europe.
Où
vis-tu avec dans la province de Carchi ?
Je vis à Tulcán, qui se situe à la frontière avec le département colombien de Nariño et le reste de la province de Carchi en Équateur. Pour mon plus grand avantage, je vis près du Volcan Chiles qui offre une ascension de douze kilomètres et qui s'élève à 4000 mètres d'altitude. Richard Carapaz et les cousins Cepeda l'escaladent souvent.
Quel type de coureur es-tu ?
Je me considère principalement comme un bon grimpeur. J'aime les montées longues, peu importe l'inclinaison de la pente.
Comment et avec qui t'entraines-tu au quotidien ?
Je me réveille à sept heures du matin, puis je déjeune et me prépare. À 8h15, je pars rouler. La durée de l'entrainement est variable selon les journées. Parfois, je dois m'entrainer pendant six heures. Je m'arrête plusieurs fois pour remplir mes bidons et manger quelque chose. Ensuite, je rentre à environ 14h30 à la maison. Là je m'étire, je travaille les abdos et je prends également des protéines. Après cela, je me douche et je prends mon repas. Enfin, je me repose et lis un peu. Puis, je nettoie le vélo et le prépare pour repartir le lendemain. Je termine ma journée en me couchant à dix heures pour avoir une nuit de huit heures.
Je partage mes entraînements avec Jorge Montenegro, David Villareal et d'autres cyclistes amateurs. Parfois, je m'entraîne également avec Lenín Montenegro, Segundo Navarrete et Sebastian Rodríguez quand il y a des rassemblements collectifs.
Quels souvenir as-tu de tes deux victoires lors de la Vuelta de la Juventud ?
Je m'entrainais chaque jour avec l'objectif de gagner. Lors de ma deuxième victoire, j'ai contracté la grippe, mais malgré tout j'ai réussi à m'accrocher pour triompher. J'étais extrêmement heureux quand je me suis imposé car c'était mon grand objectif de l'année. Mes principaux rivaux étaient Nixon Rosero, du club de Alto Rendimiento de Richard Carapaz, et Mauricio Irua.
Qu'as-tu appris au sein du club de Jonathan Caicedo et comment le comparerais-tu par rapport à celui de Richard Carapaz ?
J'ai appris comment s'entendre entre coéquipiers. Avec les masseurs, c'était déjà une première belle expérience, un peu comme un mini grand tour. Le club était soutenu par la préfecture de Carchi mais actuellement cette dernière soutient une autre équipe.
Le projet de l'école de Richard Carapaz est plus avancé. Ils font des sorties en Colombie et obtiennent toujours d'excellents résultats lors des Championnats d’Équateur.
Comment s'est déroulé ton passage dans l'équipe colombienne Everet en 2019 ?
Grâce à l'équipe Everet, il y a un coéquipier qui s'est occupé de moi pour me loger et me nourrir. Lors de la classique de Soacha, j'ai terminé troisième, en remportant deux étapes ainsi que le classement de la montagne, et lors de la classique Esteban Chaves j'ai également pris la troisième place, avec cette fois une victoire d'étape et la deuxième position au Grand Prix de la montagne. Germán Darío Gómez était un peu plus fort mais il ne manquait pas grande chose pour gagner.
En 2020, tu as connu une autre expérience en Colombie avec Onion Team ?
Cette année-là, j'ai débuté avec mon entraineur Oscar De J. Vargas. En février, on était en rassemblement d'équipe, puis en en mars on a disputé la classique de Rionegro, avant la pandémie. Selon mon entraineur, j'ai fait une grande course car on venait de débuter les entraînements ainsi que la saison et avec Daniel Arroyave on sortait du peloton et on disputait les arrivées d'étapes.
Que retiens-tu de ta première course par étapes UCI, le Tour de Colombie, avec UAE Team Colombia ?
Je n'ai pas pu disputer la Vuelta de la Juventud car l'épreuve est seulement ouverte aux coureurs colombiens. Donc, j'ai attaqué directement par le Tour de Colombie. Le niveau était très exigeant pour une première course. Cependant, j'ai essayé d'apprendre un maximum au contact de champions comme Óscar Sevilla. J'ai terminé dans le top 50 et je progressais de jour en jour.
Est-ce que cela a été difficile quand UAE Team Colombia a cessé son activité ?
J'ai reçu la nouvelle quand j'étais à la maison en train de préparer les Championnats d’Équateur. Ils nous ont dit que le projet s'arrêtait là car il y a eu un contrôle positif dans l'équipe. Ça a été une grande déception car on avait encore de nombreuses courses à disputer en Colombie et que mon rêve de rejoindre UAE Team Emirates prenait fin. UAE Team Colombia était l'équipe amateur de celle-ci. Néanmoins, je suis reparti de l'avant et je suis heureux avec l'équipe Eagle Bikes.
Qu'as-tu appris en France cette année ?
C'était mon premier voyage en Europe et cela a été une expérience assez difficile avec plusieurs chutes. J'avais peur de me blesser. Quand je retournerai en Europe, je chercherai à être à l'avant et à me battre pour de bons résultats. J'ai chuté une première fois sur le genou lors du Tour de Savoie Mont-Blanc sans pour autant me blesser. C'est quand je suis tombé à nouveau, lors du Tour de l'Avenir, que je n'étais plus en capacité de continuer.
Es-tu satisfait de ton Tour d’Équateur avec une victoire d'étape et le classement de meilleur débutant ?
Avant le Tour d’Équateur, je visais une victoire d'étape. J'ai terminé troisième de la septième étape et j'ai également tenté ma chance lors du troisième jour de course. Lors de ma victoire d'étape, je me suis échappé dès le départ et avec mon compagnon de fugue (Lenín Montenegro, ndlr), nous avons résisté au peloton. Je suis aussi heureux du classement général où j'ai obtenu un top 10 tout en aidant l'équipe
Dans quelle équipe évolueras-tu en 2022 ?
Je ne connais pas encore mon équipe pour l'an prochain. Je ne sais pas si je resterai chez Eagle Bikes. J'aimerais réaliser une préparation en Colombie afin d'arriver en grande condition sur le Tour de l'Avenir.
PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE