Daniel Méndez : "L'équipe est jeune"
À
21 ans, Daniel Méndez est l'un des nouveaux "Scarabées" colombiens. Le grimpeur de Bogotá, présent sur le Tour du Pays basque, en est à sa troisième saison chez Kern Pharma, une équipe ne lui mettant aucune pression et souhaitant le faire évoluer progressivement. Retour sur son parcours entre la FUN Chaves et une arrivée en Europe en deux temps, chez Bairrada puis Kern Pharma. À
la découverte de Daniel Méndez.
"J'ai fait un tout-droit"
Quel bilan tires-tu de ta reprise lors de l'Étoile de Bessèges ?
Je suis satisfait de mon début de saison. Je me sentais très bien lors du Grand Prix La Marseillaise puis lors de l'Étoile de Bessèges, mieux que ce à quoi je m'attendais, car cela faisait longtemps que je n'avais pas accroché un dossard.
Je suis tombé dans la descente du dernier col, lors de la troisième étape (Étoile de Bessèges, ndlr). Richard Carapaz m'a dépassé alors que nous étions parmi les premières positions, je ne sais pas pourquoi mais sa roue avant a décroché, lorsqu'il a chuté dans la courbe en tentant de l'éviter, j'ai fait un « tout-droit » dans le fossé.
C'était ta deuxième participation à Bessèges après tes débuts professionnels en 2020, est-ce une compétition que tu apprécies ?
L'Étoile de Bessèges est une course assez plate, seule la quatrième étape propose une vraie ascension avec de forts pourcentages. Je me souvenais de cette ascension (Mont Bouquet, ndlr) pour l'avoir escaladé il y a deux ans lors de ma première participation où j'avais terminé dans le top 10. C'est une course intéressante en raison des bordures et du placement qu'il faut avoir pour y briller.
"J'ai pris du poids"
La pandémie de Covid- 19 est intervenue dès ta première saison professionnelle, a-t-elle perturbé ta progression ?
En 2020, l'Étoile de Bessèges était seulement ma deuxième compétition avant que survienne la pandémie. Cette période a freiné ma progression, j'ai très peu couru et j'ai commis quelques erreurs à l'entraînement en prenant un peu de poids (son poids optimal est 58 kg pour 1 mètre 72, ndlr). J'ai eu de la chance de pouvoir passer le confinement en Colombie, la communication avec l'équipe était excellente. Mon entraîneuse Iosune Murillo (ancienne coureuse professionnelle dans l'équipe Bizkaia Durango, ndlr) m'envoyait le programme des séances à réaliser à la maison sur home-trainer, j'étais également toujours en contact avec Juan José Oroz, le directeur de l'équipe.
La reprise des courses après quatre mois sans compétition a, ensuite, été difficile car je n'ai pas pu me préparer comme je le souhaitais.
Comment as-tu débuté le cyclisme, quel parcours as-tu suivi ?
J'ai débuté le cyclisme à l'âge de 16 ans à Bogotá, au sein de la Fundación Esteban Chaves, dans les catégories Cadets et Juniors. J'y ai appris des valeurs importantes telles que l'humilité et l'honnêteté. Après avoir obtenu d'excellents résultats en remportant des courses (Tour de Cundinamarca, Tour de Santander, ndlr) ou en montant sur le podium d'autres (Vuelta del Porvenir - Tour de Colombie Juniors, ndlr), j'ai réalisé ma première saison Espoirs avec l'équipe AV Villas, qui était alors la filiale de Manzana Postobon (équipe Continentale Pro colombienne, ndlr), c'est après cette dernière expérience, en Colombie, que j'ai intégré Kern Pharma, en Espagne, grâce à mon manager Giuseppe Acquadro.
"Je vivais au Portugal"
Comment as-tu exporté ton talent en Europe au sein du club Bairrada ?
La Fundación Chaves m'a permis de courir le Tour d'Abitibi au Canada, ma première compétition en dehors de la Colombie. Le club Bairrada a, ensuite, été ma première équipe en Europe. Je vivais alors à Anabia, près de Coimbra, au Portugal. J'ai débuté avec elle lors du Tour des Flandres Juniors, c'était une expérience incroyable car cette course est taillée pour des classicmen plus corpulents connaissant déjà le terrain. Je ne savais, donc, pas du tout comment me débrouiller sur les pavés, pas plus que m'habiller car il pleuvait et faisait particulièrement froid ce jour-là. Je me souviens que je portais des gants et un cache-cou. Pour être honnête, je préfère regarder ces courses à la télévision (rires, ndlr).
Après avoir pris de l'expérience dans les Flandres, j'ai remporté plusieurs courses en Europe dont le Challenge Montaña Central de Asturias, en Espagne, et la Ruta do Albariño, au Portugal.
"Ils me traitent comme l'un des leurs"
N'est-ce pas parfois difficile de courir sans compatriotes à tes côtés ?
Je suis le seul Colombien de l'équipe. Nous sommes quatre étrangers : un Russe (Savva Novykov, ndlr), un Néerlandais (Danny van der Tuuk, ndlr), un Tchèque (Vojtech Repa, ndlr) et moi-même. Mais on s'entend tous très bien. Mes coéquipiers m'ont toujours traité comme l'un des leurs. Un coup je leur donne un coup de main, un coup ce sont eux qui m'aident.
Comment t-es-tu adapté au cyclisme européen, que te reste-t-il à améliorer ?
Je ne pensais pas que mon adaptation au cyclisme européen se déroulerait aussi bien, par exemple lors de ma première course à Bessèges, j'ai tout de suite été à la hauteur. Cependant, je suis conscient qu'il reste des aspects à travailler. Le placement dans le peloton ainsi que les retours après une crevaison ou un arrêt à la voiture sont vraiment difficiles car on ne court pas de la même façon en Europe qu'en Colombie, où les routes sont plus larges.
On perd beaucoup d'énergie pour se maintenir à l'avant de la course car chaque équipe souhaite se maintenir bien placée, ensuite lorsqu'on attaque les ascensions on n'est plus aussi frais qu'on aimerait l'être. Il est également important de travailler le contre-la-montre.
Kern Pharma fait partie des équipes à la moyenne d'âge la plus basse, ne sens-tu pas parfois un manque d'expérience ?
C'est vrai que l'équipe est jeune et que parfois on peut manquer d'expérience, notamment dans les moments clés de placement. Cependant, nos directeurs sportifs Juan José Oroz et Pablo Urtasun ont été des coureurs World Tour (Euskaltel-Euskadi, ndlr) et nous transmettent leur expérience depuis la voiture.
Connais-tu ton programme de courses ?
Mes prochaines compétitions seront le Grand Prix Miguel Indurain et le Tour du Pays basque (sa deuxième course World Tour après le Tour de Catalogne 2021, ndlr), je disputerai normalement, ensuite, le Tour des Alpes [...]
En cas de bons résultats, j'aimerais également être convoqué par la sélection colombienne pour prendre part au Tour de l'Avenir et faire partie des coureurs sélectionnés pour la Vuelta.
Quel est ton rêve ?
Mon rêve est de participer à un Grand Tour et de faire partie d'une formation World Tour.
PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE