Franklin Archibold : "Faire connaître la culture panaméenne"
Quatre fois champion national, Franklin Archibold s’apprête à quitter le Panama pour l'Argentine afin de disputer les Championnats Panaméricains. Le Panaméen de 24 ans est passé par le Centre mondial du cyclisme et le club basque Eiser avant d'intégrer Panamá es Cultura y Valores. À la découverte d'un coureur complet et mise en perceptive d'un cyclisme panaméen actuellement à son apogée.
"Rapporter une médaille au pays"
Quels sont tes objectifs à venir ?
Nous sommes actuellement en stage avec mon équipe Panamá es Cultura y Valores, la seule équipe Continental d'Amérique Centrale, dans le but de préparer les championnats nationaux, qui auront lieu du 6 au 8 mai. Nous enchaînerons ensuite avec les Championnats panaméricains, prévus du 12 au 14 mai, à San Juan (Argentine, ndlr) [...] On aimerait rapporter une médaille ainsi que des points UCI au pays.
Quel bilan tires-tu de ton début de saison lors duquel tu as terminé cinquième des Grand Prix Megasaray et Mediterrennean, en Turquie, (1.1) et troisième du Tour de Formosa (2.2), en Argentine ?
Le bilan est positif. Nous n'avons pas vraiment eu de pause entre la fin de la saison dernière et le début de celle-ci, cependant nous avons réussis à bien gérer les charges d'entraînement et nous prenons les courses au jour le jour.
Nous sommes restés environ un mois et dix jours en Europe. Pendant ce laps de temps, nous avons disputé cinq compétitions.
Le Tour de Formosa était très plat. Toutes les étapes ont été disputées à haute vitesse. C'est une course qui s'est jouée à la seconde près pour le classement général avec les nombreux sprints pour obtenir des bonifications. Nous ne sommes pas des spécialistes de ce type de courses mais nous nous sommes bien défendus et j'ai terminé troisième.
Comment s'organisent les voyages européens de l'équipe Panamá es Cultura y Valores, cette organisation est-elle la même que l'an dernier ?
L'an dernier, j'ai eu deux blocs de courses en Europe : un mois et demi en début d'année, puis la même chose en milieu de saison. J'ai également participé aux Championnats du monde du contre-la-montre et sur route en Belgique.
Environ dix coureurs voyagent avec l'entraîneur, un masseur ainsi qu'un mécanicien. Nos voyages s'organisent en fonction des compétitions auxquelles nous sommes invités. Nous essayons de nous rendre en Europe une semaine avant le début des courses pour nous laisser le temps de nous adapter au décalage horaire.
"Le cyclisme panaméen est en plein essor"
Quel type de coureur es-tu ?
Je suis un coureur plutôt complet pouvant s'illustrer sur des terrains variés. Je suis capable de m'imposer dans des sprints en petit comité, je me débrouille assez bien en montagne et très bien en contre-la-montre, ce qui constitue ma principale force [...] J'apprécie beaucoup le contre-la-montre. C'est une discipline que j'ai l'habitude de travailler à l'entraînement.
As-tu une montée favorite ?
J'adore grimper la route Cerro Punta qui mène au Volcan Barú. C'est une longue ascension de cinquante kilomètres mais il y a des replats. Le pourcentage moyen est d'environ 7%. On grimpe à 2200 mètres d'altitude en vélo de route, tandis qu'en VTT on peut monter jusqu'à 3000 mètres au-dessus du niveau de la mer.
D'où es-tu originaire ?
Je vis à Chiriquí, une province du Panama. Il existe un Tour de Chiriquí qui se dispute en novembre et qui souhaite devenir une course UCI.
Comment analyses-tu la différence de niveau entre le Panama et son voisin colombien ainsi que le développement du cyclisme dans ton pays ?
L'écart de niveau entre la Colombie et le Panama est dû à la différence de culture ainsi qu'au manque de soutien de la part des entreprises privées et du gouvernement, même si ces dernières années la situation évolue positivement. Le cyclisme panaméen est en plein essor. J'espère que cette amélioration et le soutien croissant pour notre sport se poursuivront sur le long terme.
Cependant, pour continuer à progresser, je pense qu'il faudrait organiser davantage de voyages en Europe car le vieux continent reste la plaque tournante du cyclisme.
Comment as-tu vécu ton arrivée et ton année au Centre mondial du cyclisme de l'UCI à Aigle-Martigny (Suisse) en 2018 ?
Ça a été une magnifique expérience lors de laquelle j'ai disputé des courses difficiles et où j'ai grandi tant physiquement que mentalement. J'ai appris comment fonctionnait le cyclisme européen, ce qui me sert aujourd'hui lors de chacun de mes voyages.
J'avais 20 ans quand j'ai rejoint le Centre mondial du cyclisme grâce à une invitation par l'intermédiaire de Matxin (directeur de l'équipe UAE Team Emirates, ndlr) [...] Au début, j'ai eu du mal à m'acclimater en raison de la barrière de la langue et du mauvais temps.
Quels coureurs as-tu fréquenté en Suisse ?
Au centre, j'ai côtoyé Velijko Stojnic, qui a fait partie de l'équipe Vini Zabù-KTM, ainsi que Barnabas Peak et Biniam Girmay, aujourd'hui chez Intermarché-Wanty-Gobert. Je partageais seulement mes entraînements avec Biniam et non les courses car lui était Juniors et moi Espoirs.
Nous voyagions beaucoup avec le centre. Nous avons, par exemple, réalisé un stage d'un mois en Espagne et couru en France, notamment le Tour de l'Avenir remporté par Tadej Pogacar, et en Belgique, Liège-Bastogne-Liège U23.
"Nous qualifier pour les JO de Paris 2024"
Quelle est la place du cyclisme et du tour national dans la culture panaméenne ?
Le football et le baseball sont les deux sports les plus populaires au Panama mais grâce à nos performances récentes le cyclisme a gagné en notoriété. Peu à peu, les gens se rendent compte que le cyclisme est un sport intéressant.
La course nationale la plus importante est le Tour du Panama, qui n'a cessé de progresser ces dernières années. En 2021, plusieurs équipes européennes étaient invitées.
Les Panaméens suivent-ils les courses à la télévision ?
J'ai déjà vu des groupes de cyclistes faisant une pause dans une cafétéria lors de leurs entraînements et demandant à regarder l'arrivée des étapes du Giro et du Tour.
La dernière étape du Tour du Panama, toujours disputée en circuit, est également diffusée en direct à la télévision, tandis que les autres étapes ont des lives sur les réseaux sociaux.
Les participations aux Jeux Olympiques ainsi qu'aux Championnats du monde et évènements plus continentaux symbolisent-elles cette progression ?
L'an dernier, Christofer Jurado était aux Jeux Olympiques de Tokyo avant d'enchaîner avec les Championnats du monde, où j'étais également présent pour disputer à la fois le contre-la-montre et la course sur route.
C'était mon premier mondial. En revanche, je suis habitué à participer aux Championnats Panaméricains, centraméricains et bolivariens.
Ça nous rend toujours fier de porter le drapeau de notre pays à l'étranger et de faire connaître la culture panaméenne [...] Notre objectif est de nous qualifier pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Quel est ton rêve ?
Mon rêve est de rejoindre une équipe World Tour. Je sais que ce sera compliqué mais il faut continuer à travailler dur pour cela.
PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE