Henok Mulubrhan : "J'espère terminer dans le top 5 du Baby Giro"

03/06/2021

Un nouvel Érythréen à suivre. Henok Mulubrhan, actuellement membre de l’équipe réserve Qhubeka-Assos, souhaite briller sur le Tour d'Italie Espoirs (03-12/06) afin de rejoindre,  à 21 ans, une équipe du World Tour. Ghirmay, Tesfatsion mais aussi Mulubhran, l’Érythrée regorge de jeunes prometteurs. À la découverte du natif d'Asmara.

Crédit photo : Gautier Demouveaux
Crédit photo : Gautier Demouveaux

C.A: Comment avez-vous débuté le cyclisme ?

Depuis que je suis petit, j'ai toujours aimé le vélo et j'ai commencé à regarder les courses à la télévision en 2011. J'ai débuté le cyclisme par le VTT. Dans cette discipline, j'ai disputé mes premières courses, en 2014, au sein d'un club local, en Érythrée. J'ai toujours eu ce rêve de devenir cycliste.

C.A: Quel est votre profil de coureur ?

Je pense que je suis un puncheur, étant donné que je suis bon grimpeur et bon sprinter. J'admire Julian Alaphilippe même si je ne l'ai encore jamais rencontré.

C.A: Connaissez-vous vos compatriotes Merhawi Kudus et Daniel Teklehaimanot ainsi que Natnael Tesfatsion, qui est plus de votre génération ?

Oui bien-sûr ! Ce sont mes grands frères. Ils me motivent à chaque étape de ma carrière. Tesfatsion était dans la même équipe que moi l'an dernier. C'est un ami.

C.A: Vos Championnats du monde au Qatar en 2016 sont-ils un bon souvenir ?

C'était difficile pour moi parce que j'étais vraiment jeune, peut-être trop jeune. À 16 ans, j'étais déjà en Juniors. En plus, c'était ma première course hors de mon pays. C'était des Championnats du monde avec un niveau très relevé. Mais je suis fier de les avoir finis car c'était ma première épreuve de ce type et que j'ai beaucoup souffert.

Par la suite j'ai disputé d'autres Championnats du monde en Autriche, à Innsbruck, et en Angleterre, à Harrogate. En revanche, je n'étais pas à Bergen, en Norvège, en 2017, car mon pays ne s'alignait pas chez les Juniors.

C.A: Comment avez-vous rejoint le Centre Mondial du Cyclisme de l'UCI en 2018, quel bilan tirez-vous de votre passage à Aigle-Martigny (Suisse) ?

Je n'ai pas passé de tests pour intégrer le centre. Lorsque je participais au Tour du Rwanda, en 2018, ma fédération a reçu un mail de l'UCI comme quoi je pouvais le rejoindre.

C'était une bonne expérience. J'ai beaucoup grandi. Le Centre Mondial du Cyclisme m'a énormément appris, notamment sur comment s'entrainer et comment s'alimenter. Je suis reconnaissant de l'opportunité qui m'a été donnée de rejoindre l'Europe. J'y ai croisé de très bons coureurs venant de Colombie. J'ai pratiqué le cyclisme sur piste. Pas en compétition mais plus pour élargir mon apprentissage. Le centre m'a offert quelques jours pour essayer cette discipline.

C.A: Vous avez couru dans de nombreux pays africains comme le Rwanda et le Gabon ainsi qu'en Europe, quelles sont les différences entre ces pays au niveau de la compétition ?

En Europe, c'est vraiment différent par rapport à l'Afrique et les coureurs le sont également. Le Tour du Rwanda et la Tropicale Amissa Bongo sont des courses très dures mais différentes : la première est très montagneuse avec des étapes se déroulant à haute altitude alors que sur la deuxième ce ne sont que des étapes plates. J'aime courir au Rwanda parce que je vis moi-même en altitude, lorsque je suis en Érythrée, à 2005 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Crédit photo : Gautier Demouveaux
Crédit photo : Gautier Demouveaux

C.A: Comment expliquez-vous le succès du cyclisme érythréen ?

H.M: Le cyclisme est important en Érythrée ! Les supporters nous motivent. Le cyclisme est peu tout à la fois dans mon pays. Comme je vis en Toscane (Italie), cette année, je n'ai aucune idée de quand je rentrerai en Érythrée. J'ai de nombreuses courses à disputer au cours de la saison.

C.A: Pensez-vous qu'un cycliste africain remportera un jour le Tour de France ou un autre Grand Tour ?

H.M: Bien-sûr ! C'est notre objectif dans les années à venir. De mon côté, mes objectifs sont d'abord de signer un contrat professionnel puis de remporter une étape sur un Grand Tour. Ce sont nos rêves à nous les Érythréens.

C.A: Ces derniers jours, Nacer Bouhanni a été victime de racisme sur les réseaux sociaux, avez-vous vous-même subi ce genre d'accidents ou reçu des insultes ?

H.M: Non, heureusement je n'ai jamais eu ce genre d'accidents. Même si je recevais des insultes, je n'y ferais pas attention et je garderais mes rêves en tête.

C.A: Entre le Tour de l'Avenir et le Baby Giro, quelle est votre plus belle expérience ?

H.M: Effectivement, j'ai participé à ces deux épreuves. Le Tour de l'Avenir est une course difficile. À ce moment-là, je débutais les courses de ce niveau. Cependant, je pense que le Baby Giro est encore plus difficile. Chaque équipe vient au départ pour remporter la course et arrive bien préparée. Ces deux courses m'ont donné deux beaux exemples de ce à quoi ressemble le cyclisme.

C.A: Quelle est votre plus grande fierté à ce jour ?

H.M: Ma onzième place au classement général du dernier Baby Giro. Sinon, il y a également le Giro del Appennino (1.1, ndlr), sur laquelle j'ai également terminé onzième. Ma septième place sur la Città di S. Vendemiano me vient aussi à l'esprit ainsi que mes neuvièmes places sur le Trofeo Piva et le Giro del Belvedere.

Crédit photo : Gautier Demouveaux
Crédit photo : Gautier Demouveaux

C.A: Est-ce que la pandémie de COVID- 19 a impacté votre progression ?

H.M: Non, c'est pour tout le monde la même situation. Les équipes ont aussi dû réduire leur budget. Cette année, je voulais faire le grand saut dans une équipe World Tour, mais comme il n'y a pas eu beaucoup de courses en Europe, l'an dernier, et que les équipes n'étaient pas trop intéressées pour recruter davantage de coureurs, cela ne s'est pas fait. J'espère que cela se déroulera mieux cette saison et qu'on me donnera l'opportunité d'accomplir mes rêves.

C.A: Que pensez-vous de votre début de saison italien ?

H.M: Je suis heureux. Ce sont des courses vraiment difficiles. Je suis satisfait avec mes deux Top 10 sur le Trofeo Piva et le Giro del Belvedere. Je me suis senti de mieux en mieux en amont de la Semaine Coppi et Bartali.

La semaine prochaine je vais disputer la Città di S. Vendemiano (ndlr, 18/04).

C.A: Comment était-ce de courir dans la même équipe que Sergio Henao, lors de la Semaine Coppi e Bartali, qu'avez-vous appris de lui ?

H.M: J'étais au départ pour soutenir Sergio (Henao). C'est un bon coureur. J'ai appris de lui, sur la manière d'obtenir de bons résultats. Je l'ai soutenu avec toutes mes forces. On avait une bonne équipe lors de cette semaine. Finalement, j'ai pris la vingt-troisième place au classement général (ndlr, Sergio Henao a terminé huitième).
Crédit photo : Getty Images
Crédit photo : Getty Images

C.A: Quel est votre grand objectif cette saison ?

Mon objectif est de terminer dans le top 5 au classement général du Baby Giro. On verra ensuite comment cela se passe avec le Tour de l'Avenir.

C.A: Que pensez-vous du projet « Rwanda 2025 » qui souhaite accueillir les Championnats du monde de cyclisme en 2025 ?

J'aime le projet. C'est un bon pays. Je suis sûr qu'ils sont capables d'organiser cela. Dans ma carrière, j'ai grimpé deux fois le Mur de Kigali, lors du Tour du Rwanda. C'est une montée redoutable avec des pavés.

C.A: Pensez-vous intégrer l'équipe World Tour Qhubeka - Assos en 2022 ?

Oui, mais cela dépend de l'équipe : s'ils décident de m'offrir un contrat ou non.

PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE