Interview Fernanda Yapura : "Il y a beaucoup de compétition de bon niveau en France"
□C.A : Comment avez-vous commencé le cyclisme ?
■F.Y : Mes débuts dans le cyclisme remontent à mon enfance, j'ai commencé par le VTT. Depuis toute petite, mon père nous emmenait mes sœurs et moi pédaler partout dans El Valle de Lerma, il venait du travail et nous allions tous pédaler dans les collines. Au début je restais dans le sillage de mon père, pendant que je regardais comment mes sœurs se tiraient la bourre entre elles. Cela m'excitait et je voulais atteindre l'âge requis pour que mon père me laisse pédaler avec elles. Quand nous sortions, nous croisions toujours des cyclistes s'entraînant, jusqu'au jour où ils sont venus nous parler et ont invité mes sœurs à concourir. Alors nous sommes allés avec ma famille ce dimanche-là, où nous les avons vues commencer leur première course. Après le départ, elles faisaient plusieurs petites boucles.
Le dimanche suivant, j'ai pris mon vélo et tout ce qu'il fallait pour faire une course, j'avais 8 ans et jusqu'à mes 15 ans j'ai fait des courses de VTT.
Puis des amis m'ont invité à participer aux "Juegos Evita" qui ont lieu chaque année en Argentine pour tous les sports. A cette occasion, j'allais concourir en cyclisme sur route, où j'ai couru avec un vélo emprunté, c'était tout nouveau pour moi. Je ne comprenais rien, mais quand cette compétition a commencé, c'était génial, j'ai adoré ce sentiment et c'est à partir de là que je me suis consacré au cyclisme sur route avec plus de sérieux.
□C.A : Pouvez-vous envoyer un message à toutes les filles qui veulent commencer le cyclisme ?
■F.Y : N'ayez pas peur, dans cette vie tout est possible si vous mettez votre engagement, votre responsabilité et votre dévouement au sport. Le cyclisme est très beau, c'est un environnement très amusant, plein de nouveautés, le vélo vous emmènera dans de nombreux endroits où vous n'aurez jamais pensé pouvoir arriver.
□C.A : Que vous ont apporté vos années au Centre Mondial du Cyclisme (WCC) ?
■F.Y : Le WCC, je le considère comme une école, ils m'ont énormément appris sur ce que c'est d'être cycliste. C'est un endroit où j'ai appris ce que tu dois faire et ne pas faire, comment tu dois te préparer et prendre soin de tes affaires que ce soit pour les entrainements ou les courses, comment tu dois te comporter pendant les compétitions, comment économiser de l'énergie, comment analyser les courses, ... Tout ce que j'y ai appris me servira pour toujours.
□C.A: Cela n'a pas été trop difficile, de devoir quitter l'Argentine pour lancer votre carrière sportive ?
■F.Y : J'ai eu la chance que l'année de mes débuts en cyclisme sur route ait été une bonne saison pour le cyclisme féminin, après avoir remporté de nombreux championnats nationaux en junior, l'équipe Shimano Ladies Power, alors en continental, m'a appelé pour courir avec eux. Le contrat avec eux c'était un bon soutien pour moi car avoir un bon vélo et son entretien coûtait très cher, ils m'ont tout donné, ils m'ont emmené à plusieurs compétitions. Plus tard, aussi grâce à l'équipe argentine qui chaque année organisaient le Centre Satellite UCI à Mar del Plata où venaient les entraîneurs suisses UCI , il y avait une excellente occasion de me montrer et je n'ai pas échoué. Grâce aux bons résultats en course avec l'équipe et aux tests que j'ai effectués à Mar del Plata, j'ai reçu une invitation pour un an au Centre Mondial du Cyclisme en Suisse.
C'est pour cela, que je trouve très triste qu'aujourd'hui ce ne soit plus la même chose et que d'autres filles talentueuses d'Argentine n'aient plus d'opportunités.
□C.A : Comment vous sentez vous dans votre nouvel environnement en France avec l'équipe St Michel Auber 93 ?
■F.Y : Je suis très contente, cela peut sembler à un défi car je dois apprendre une autre langue, une autre culture, ... Mais j'aime beaucoup car avec les filles j'apprends beaucoup ce que c'est que de descendre plus vite, de savoir comment mieux me situer dans un peloton. Nous avons un bon calendrier pour le reste de la saison.
□C.A : Aimez vous la France, parlez-vous déjà bien la langue ?
■F.Y : Ce qu'il y a de bien en France c'est qu'il y a beaucoup de compétitions de bon niveau et s'il n'y a pas de courses, il y a beaucoup de groupes avec lesquels s'entrainer et c'est presque comme une course au rythme où ils vont, hahaha. Ensuite à propos de la langue j'arrive à comprendre, je me motive à parler davantage en français mais il me manque toujours un peu.
□C.A : Quels étaient vos objectifs avant le Covid- 19, sont t'ils encore les mêmes ou ont t'ils changés ?
■F.Y : L'objectif était les Jeux panaméricains, puisqu'ils étaient en Argentine, actuellement on ne sait pas si cela se fera ou non. Ensuite, nous avions trois courses majeures qui étaient UCI au mois de mai, mais deux ont été annulées cette année et une aura lieu fin octobre. Et pour finir, c'est les Mondiaux en Suisse, celui la reste toujours un bon objectif, mais maintenant pour le reste de la saison avec mon entraîneur, nous programmons que je sois en forme dès le début et à mon pic de forme pour les mondiaux. Il faudrait ensuite maintenir le pic jusqu'à la fin octobre, puis attendre si les Championnats nationaux et panaméricains se tiendront.
□C.A : Quel est votre rêve ?
■F.Y : Mon rêve est d’être championne du monde...