Interview Johan Vansummeren : "J'ai eu une crevaison dans le secteur de Em, je touchais le pavé et mon boyau perdait de l'air"

05/04/2019

□C.A : Quand avez-vous entendu parler de Paris Roubaix pour la première fois ?

■J.V : Je devais être jeune mais je ne sais plus à quel âge. Je n'étais pas un enfant qui était chaque semaine devant la télé pour regarder les courses... Vous savez en Belgique pendant les classiques, les dimanches, la famille se réunie pour regarder les courses mais moi je n'étais pas très intéressé je passais beaucoup de temps dehors. La première fois je ne sais pas mais je me souviens des classiques avec Museeuw.


□C.A : Pour votre premier "Enfer du Nord" vous avez 26 ans et vous aviez pris la 92ème place, quels sont vos souvenirs ?

■J.V : Mon premier Paris Roubaix, je me sentais très bien après mon Tour des Flandres et après je faisais les classiques wallonnes. C'était en 2008 je crois et j'au du terminer 11ème, ça me plaisait beaucoup.



□C.A : Vous avez gagné en 2011, pouvez vous nous raconter ce jour ?

■J.V : C'était Thor Hushovd le leader de l'équipe et moi je devais faire ma propre course. J'ai roulé dans les dernières positions lors des 80 premiers kilomètres de course, j'avais un plan dans la tête et je n'ai pas eu de chutes, puis je suis allé à l'avant un peu avant le premier secteur de Troisvilles. Je sortais d'Arenberg en cinquième position et il y a eu une attaque de Kroon, je suis allé avec lui. C'était une bonne contrattaque, et on est revenu sur le premier groupe ou on devait être 13 coureurs dont 4 coureurs de Lotto qui roulaient et ne me demandait pas à moi de travailler donc j'étais tranquille. Et vous savez ça a commencé à attaquer, je suivais sans soucis dans Camphin-en-Pevelle et après on est arrivé dans le Carrefour de l'Arbre et là j'ai attaqué (rires) puis j'ai roulé seul vers la victoire.

□C.A : A partir de quel moment avez-vous commencé à croire à la victoire et avez-vous eu peur du retour de Cancellera ?

■J.V : J'avais peur car j'ai eu une crevaison dans le secteur de Em, je touchais le pavé et mon boyau perdait de l'air mais il n'était pas explosé. Dans les cinq derniers kilomètres, ma gente touchait parfois l'asphalte. J'avais de plus en plus peur, pas que je ne sois pas assez fort mais car il n'y avait vraiment plus grand-chose dans mon boyau dans les 100 derniers mètres.


□C.A : Dans tous les Paris Roubaix que vous avez disputés quel coureur vous a le plus impressionné ?

■J.V : Tom Boonen, sans souci. Boonen en 2012.

□C.A : Parmi tous les secteurs pavés présents au parcours, lequel est selon vous le plus difficile, pourquoi ?

■J.V : Quand j'avais de bonnes jambes j'aimais vraiment bien rouler sur les pavés. Je pense qu'avec les risques que l'on doit prendre avant Arenberg, c'est très dangereux et encore loin de l'arrivée. Moi je préfère Mons-en-Pevele, c'est le secteur que j'aime le plus.


□C.A : Est-ce que gagner Paris Roubaix a changé votre vie ?

■J.V : Changé, changé, je ne sais pas... je suis très connu, oui. Tout le monde me connait comme un coureur ayant gagné Paris Roubaix, pour moi-même c'était un grand but dans ma vie et je suis très heureux d'avoir pu faire ça.


□C.A : Préférez-vous  plus Roubaix ou le Tour des Flandres ?

■J.V : Paris Roubaix, beaucoup plus que le Tour des Flandres. C'était mieux pour moi.

□C.A : Quel est votre favori pour cette année ?

■J.V : Moi j'espère que Wout Van Aert va gagner une grande classique.


□C.A : Pensez-vous que Sagan puisse gagner une deuxième fois ?

■J.V : Oui, c'est un phénomène. Vous savez Sagan, Van Avermaet, Stybar vont etre la à 100 %, ce sont les grands favoris. Mais moi j'espère que quelqu'un commz Van Aert va gagner une classique.


□C.A : Que pensez-vous de Mathieu Van Der Poel ?

■J.V : Il ne fait pas Paris Roubaix, mais je pense qu'il sera là dans le final du Tour des Flandres. C'est le coureur avec le plus de classe dans le peloton maintenant. Je fais une comparaison, comme j'ai toujours dit, si les gens achètent un cheval c'est toujours en fonction de son père, de sa mère, de qu'ils ont fait. C'est peut etre un petit peu ça avec Van Der Poel, son père était un grand coureur (ndlr: Adrie Van Der Poel) et son grand père un très grand cycliste (ndlr: Raymond Poulidor), avec les gênes...