Interview Santiago Umba : "J'ai un profil très semblable à celui de Julian Alaphilippe"
L'équipe Androni Giocattoli Sidermec a
une grande histoire avec les coureurs colombiens. En 2021, le jeune
Santiago Umba, 18 ans seulement, suivra les pas d'Egan Bernal et Ivan
Sosa dans la formation italienne. Découvrez avec nous ce coureur
talentueux.
C.A : Quand, où et pourquoi as-tu commencé le cyclisme ?
S.U : J'ai commencé quand j'avais 11 ans. L'amour pour le vélo a commencé grâce à mon père qui était aussi cycliste et nous a offert sa passion pour le vélo. Nous (avec son frère Juan) avons reçu cette passion et si on en est là aujourd'hui je pense que c'est aussi grâce à lui.
C.A : Donc c'était un sport très pratiqué dans ta famille ? C'est ta famille qui t'a motivé a commencer ?
S.U : Oui, j'ai plusieurs oncles et cousins qui font du vélo et qui sont passionnés par le cyclisme.
C.A : Ton frère est également cycliste professionnel ?
S.U : Mon frère est dans une équipe professionnelle en Colombie. Il appartient à l'équipe Talentos Colombia.
C.A : l'équipe U23 de Colombia Tierra de Atletas ?
S.U : Oui.
C.A : As-tu également pratiqué le cyclisme sur piste et le VTT ?
S.U : Oui dans ma phase d'apprentissage et à l'école, j'ai pratiqué pendant quelques année le VTT. La piste également. Mais maintenant je suis focalisé sur le cyclisme sur route.
C.A : Dans ton enfance, as-tu essayé d'autres sports ?
S.U : J'appartenais à une école de football. Ensuite, j'ai essayé le vélo et j'ai obtenu de bons résultats donc j'ai lassé de côté le football pour commencer le cyclisme.
C.A : Comment s'appelait ton équipe de football ?
S.U : C'était il y a 6 ans. C'était une équipe pour les très jeunes joueurs qui avaient entre 10 et 12 ans. C'était l'équipe Arcabuco FC.
C.A : Ta première équipe de cyclisme est-ce Arcabuco ou as-tu eu une autre équipe auparavant ?
S.U : J'ai toujours été dans cette équipe. C'est l'équipe où j'ai débuté et où j'ai progressé. C'est également l'équipe qui m'a fait grandir comme personne et sportif.
C.A : Peux-tu nous en dire un peu plus sur ta Vuelta del Porvenir 2019 ?
S.U : C'étaient des étapes qui me convenaient beaucoup avec beaucoup de montagne et des arrivées massives. Si on regarde les 2 étapes que j'ai gagnées, je les ai gagnées dans des arrivées au sprint mais il y avait beaucoup de montagne. Ce sont précisément ce genre d'étapes qui me correspondent. Je suis un coureur qui a profil très semblable à celui de Julian Alaphilippe qui supporte très bien la montagne et qui sprinte aussi très bien dans les finals de courses.
C.A : Les autres grands protagonistes de la course était Jeferson Ruiz et German Dario Gómez, est-ce que tu les connais bien, t'entraines tu avec eux ?
S.U : Oui, nous sommes de la même région mais nous nous entrainons chacun de notre côté. Nous nous retrouvions toujours avec eux lors des courses et il y a toujours eu une rivalité entre nous. Cette rivalité a éclaté aux yeux de tous lors de la Vuelta del Porvenir. Ce sont des coureurs très talentueux.
C.A : Est-ce vrai que tu as disputé plusieurs courses en Espagne, à Valladolid notamment ?
S.U : Oui. J'ai fait la Vuelta a Pamplona, la Vuelta a Valladolid et la Volta a Portugal, entre autres. Nous avons très bien couru lors de ces courses. C'était un bilan très satisfaisant avec de bons résultats.
C.A : As-tu remarqué une différence dans la manière de courir en Europe et en Colombie ? Je te demande cela car j'ai échangé avec plusieurs cyclistes colombiens comme Camilo Ardila et ils parlaient d'une différence à propos des stratégies et du placement dans le peloton. As-tu cette analyse ?
S.U : Oui il y a des différences. En Europe, on roule beaucoup plus vite sur le plat et la topographie est différente aussi, spécialement en Espagne ou il y a des montées très courtes, très explosives. Il y a beaucoup d'échappées. Les différences se font également sur le plat. En Colombie, on roule un peu plus doucement sur le plat et les différences se font dans la montagne.
C.A : As-tu eu besoin d'un temps d'adaptation ?
S.U : Oui bien sûr. Il faut courir de manière intelligente et adapter certains entrainements spécifiques pour ce genre de parcours.
C.A : Aimes-tu les bordures ?
S.U : Et bien... les bordures font beaucoup de dégâts aux coureurs de petites tailles. Je fais 1 mètre 71, je me défends très bien sur le plat mais avec les bordures il faut être très intelligent dans sa manière de courir et bien se placer dans le peloton pour pouvoir les passer correctement. Par ailleurs, les bordures ont leur manière de se courir et il faut faire très attention et être prudent dans ces courses qui peuvent proposer des bordures.
C.A : Cette année combien de courses as-tu faites ? As-tu pu courir en Europe ?
S.U : Cette année nous devions courir en Europe mais avec la COVID- 19 nous n'avons pas pu voyager. J'ai juste couru 3 courses durant lesquelles je me suis très bien comporté. Donc je pense que j'ai pu sauver mon année contrairement à certains qui n'ont rien couru du tout.
C.A : As-tu participé à la Clasica de Rionegro ?
S.U : Oui exactement.
C.A : Tu devais courir les Championnats du monde juniors, en Suisse, cette année, mais ils n'ont pas eu lieu en raison du coronavirus. Est-ce que cela a été une grande déception pour toi ?
S.U : Oui j'étais présélectionné pour aller aux mondiaux mais malheureusement ils n'ont pas pu avoir lieu.
C.A : As-tu déjà participé à des courses continentales comme les Championnats Panaméricains ou à des mondiaux ?
S.U : Non, je n'ai jamais fait ce type de course.
C.A : Revenons-en à ton profil. Tu me disais que tu étais un puncheur comme Julian Alaphillippe. Donc tu ne seras pas un coureur comme Egan Bernal et Ivan Sosa ?
S.U : Je me défends très bien dans la montagne. Je grimpe très bien mais contrairement à Egan Bernal et Ivan Sosa j'ai une très bonne pointe de vitesse.
C.A : Comment peux-tu te définir comme cycliste ? Quelles sont tes qualités et ton point faible ?
S.U : Je ne suis ni le meilleur grimpeur ni le meilleur sprinter. Les sprints que j'ai réussi à gagner c'est quand le groupe était très réduit et que les purs sprinters étaient distancés. Mon point faible je crois que ça pourrait être... je ne sais pas... les étapes avec des bordures. Ce genre de courses qui sont très compliquées sur des terrains plats.
C.A : Es-tu un bon coureur de contre la montre ?
S.U : Oui. Je me vois comme un coureur correct en contre la montre. Je me défends bien et je ne perds pas beaucoup de temps.
C.A : Tu me disais que ta taille est 1 mètre 71. Quel est ton poids ?
S.U : 57-58 kg.
C.A : Connais-tu ta VO2max ?
S.U : Et bien... je m'entrainais avec un potentiomètre. Le compteur me disait 77-78.
C.A : Quel est ton entrainement le plus long ? Combien as-tu fait de kilomètres au maximum ?
S.U : Mon entrainement le plus long c'était il y a deux mois. J'ai fait 200 kilomètres (195km exactement). C'est mon record !
C.A : Combien fais-tu de kilomètres par semaine et à l'année ?
S.U : A l'année, je ne sais pas combien exactement. Quand je m'entraine pour une course importante, on fait 600-700 kilomètres par semaine en moyenne.
C.A : T'entraines-tu seul ou as-tu l'habitude de t'entrainer avec quelqu'un ou avec un groupe de cyclistes ?
S.U : Il y a des entrainements que j'aime faire seul. Et il y aussi des entrainements moins difficiles que j'aime faire avec des compagnons.
C.A : On va maintenant parler d'Androni Giocattoli Sidermec. Est-ce vrai que c'est Nairo Quintana qui t'a aidé à entrer en contact avec Gianni Savio (manager de l'équipe) ?
S.U : Nairo Quintana m'a juste mis en contact avec le manager Giuseppe Acquadro. Et c'est Acquadro qui m'a mis en contact avec Gianni Savio et Androni. C'est ça la version exacte.
C.A : Avais-tu d'autres offres en Colombie ou en Europe ?
S.U : Oui. En Colombie j'avais deux possibilités. J'ai eu une offre notamment de Colombia Tierra de Atletas mais j'avais signé le contrat avec Androni depuis plus ou moins un mois et j'étais déjà fixé pour l'an prochain.
C.A : As-tu déjà conversé avec Jhonatan Restrepo et Daniel Munoz, les deux Colombiens de l'équipe ?
S.U : Oui, nous avons déjà eu des présentations et des petites conversations. Ce sont d'excellents coureurs.
C.A : Penses-tu qu'ils peuvent t'aider dans ton intégration et ton adaptation à l'équipe ainsi que te donner de bons conseils ?
S.U : Oui bien sûr. Honnêtement, je suis un coureur très jeune et j'espère bien me débrouiller. J'ai aussi besoin de ce soutien.
C.A : Sais-tu déjà si tu vas vivre à Gran Paradiso comme l'ont fait beaucoup de latino-américains qui ont porté les couleurs d'Androni ?
S.U : On ne nous a pas encore réellement présenté la saison que l'on va faire l'an prochain. Il y a peu de courses qui sont organisées à cause du problème du COVID. Mais on va commencer par la Vuelta al Táchira en janvier. C'est tout ce que je sais. Et en février ou mars nous voyagerons en Europe.
C.A : Connais-tu Egan Bernal et Ivan Sosa ? As-tu déjà parlé avec eux ?
S.U : Je connais Egan Bernal, pas Ivan Sosa. Je n'ai pas eu l'occasion de parler avec eux ces derniers temps.
C.A : La photo que tu as avec Egan. Est-ce du Gran Fondo Nairo Quintana ?
S.U : Oui. Au départ je me suis retrouvé près de lui et il y avait un photographe. Il nous a pris en photo.
C.A : Quel est ton cycliste préféré ?
S.U : Actuellement Julian Alaphilippe. C'est surtout parce que nous partageons le même profil.
C.A : Venons-en à la dernière partie consacrée à la saison 2021. Tu ne participes pas à la Vuelta del Porvenir cette année car tu prépares déjà la saison 2021. Que fais-tu pendant la pré-saison ?
S.U : Maintenant, mon entraîneur va être Michele Bartoli. Il m'a donné les entraînements pour faire la pré-saison. Nous faisons de la gymnastique, du renforcement musculaire, de la natation combinée avec du vélo. Dans 10-15 jours, on commencera à préparer ce qui arrive. Mes objectifs pour l'année prochaine sont de beaucoup apprendre, de faire le meilleur pour l'équipe et bien sûr j'ai très envie de me montrer à mon avantage dans une étape. J'espère que ça se passera très bien !
C.A : As-tu un nutritionniste ?
S.U : Non, juste un préparateur physique qui est Michele Bartoli.
C.A : Ta prochaine course va être la Vuelta al Táchira au Venezuela. As-tu déjà fait des courses dans ce pays ?
S.U : Ça va être ma première course au Venezuela lors de la Vuelta al Táchira. Je n'ai jamais couru au Venezuela et j'espère que ça se passera bien.
C.A : Connais-tu un peu ton calendrier. Penses-tu que tu peux disputer le Tour Colombia 2.1 et la Vuelta a San Juan ?
S.U : Non. On ne nous a pas encore donné le calendrier complet. Je sais juste que je vais commencer par la Vuelta al Táchira. On doit encore savoir si l'équipe fera le Tour Colombia 2.1 car je n'ai pas entendu grand-chose à ce sujet. L'équipe est inscrite sur la Vuelta a San Juan mais on m'a déjà dit que je n'y serai pas.
C.A : Penses-tu courir plus de courses espoirs ou élites ?
S.U : J'espère très bien me débrouiller lors des course élites. Et s'il y a des courses espoirs, il faudra également les courir.
C.A : Est-ce une possibilité de disputer le Baby Giro et le Tour de l'Avenir avec la sélection colombienne ?
S.U : Oui. Je pense qu'il y a possibilité d’être sur le Tour de l'Avenir.
C.A : Quels sont tes objectifs sur le long terme ?
S.U : Sur le long terme, mes objectifs sont de progresser petit à petit et d'ici deux ans accéder au World Tour. Si j'y suis dans 2 ans je serais encore un très jeune coureur et je devrais toujours apprendre avant de pouvoir disputer les plus grandes courses au monde.
C.A : Si tu peux signer dans une équipe World Tour, dans quelle équipe aimerais-tu le faire ?
S.U : J'aimerais beaucoup signer chez Deceunick Quick Step mais également Jumbo Visma ou INEOS.
C..A : Pour conclure, quel est ton grand rêve ?
S.U : Mon grand rêve est d'être champion du monde et de courir le Tour de France, le Giro et la Vuelta avec le maillot arc-en-ciel.
AYMERIC PEZE