Juan Carlos López : "J'ai le meilleur professeur à la maison"

07/12/2021

Le petit frère de "Superman" débarque en Europe. À 20 ans, Juan Carlos López évoluera dans la nouvelle équipe de développement d'Astana, en 2022. Excellent grimpeur, le natif de Pesca a été formé à bonne école sur les hauts plateaux de Boyacá, avec son frère ainsi que Rafael Acevedo et Luis Alfonso Cely. Il doit désormais mettre en pratique ce riche apprentissage. À la découverte d'un nouvel "Escarabajo" prometteur.

Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo
Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo

Juan Carlos, comment as-tu débuté le cyclisme ?

J'ai commencé le vélo à 17 ans par le VTT, au niveau départemental. Ensuite je suis passé avec succès au niveau national, à des manches de Coupe de Colombie de VTT. Par la suite, j'ai rejoint l'école de cyclisme sur route du professeur Rafael Acevedo. L'année dernière, j'ai eu l'opportunité de courir pour l'équipe Talentos de Colombia U23 et cette année pour Colombia Tierra de Atletas. Chez les Juniors, je pratiquais peu la route, mais quand je le faisais je réalisais de belles courses. J'ai participé à la Vuelta del Porvenir, la course la plus importante pour les jeunes de moins de 18 ans, en Colombie. J'y ai pris la troisième place lors de l'étape de montagne, puis j'ai occupé la cinquième place au classement général.

Pratiques-tu toujours le VTT ou te limites-tu désormais à la route ?

Je pratique toujours le VTT, surtout à cette époque, pour préparer la saison 2022. Actuellement, nous en faisons beaucoup et j'aime vraiment cela. C'est vraiment différent de la route. Personnellement, j'apprécie cette discipline car c'est un effort pur, ce n'est pas autant stratégique que sur la route et il ne faut pas rester dans les roues. Ici à Boyacá, on profite des magnifiques paysages à VTT, alors que sur la route on est davantage concentré, notamment par rapport au trafic, généré par les voitures.

Le fait de vivre à Sogamoso en altitude représente-t-il un avantage pour toi ? 

Bien sûr, je pense que c'est un paradis. Pour les sportifs, c'est très important de nous préparer à Boyacá. Je vis à plus ou moins de 2500 mètres d'altitude, mais on peut grimper en restant sur le vélo de route jusqu'à 3500 mètres, en VTT, quasiment jusqu'à 4000 mètres. C'est un peu difficile de s'entrainer mais on gagne fortement en résistance. Donc, je pense que c'est un avantage par rapport aux coureurs qui roulent au niveau de la mer.

Comment te définirais-tu comme coureur ?

Je suis un coureur de taille moyenne, mesurant 1 mètre 68. Je suis surtout un grimpeur et je m'illustre en montagne. Comme faiblesse, il y a encore de nombreux facteurs qui peuvent être améliorés, comme le contre-la-montre, surtout sur le plat,

Crédit Photo : Miguel Ángel López
Crédit Photo : Miguel Ángel López

Le cyclisme est-il un sport familial au sein de la famille López Moreno ?

Nous sommes sept frères : six hommes et une femme. J'ai un autre frère qui faisait du cyclisme. Il a été victime d'un accident lors du Tour de Colombie, une fracture des vertèbres lombaires, et a été contraint d'arrêter car cela représentait un danger s'il chutait à nouveau. Nous apprécions tous le vélo, mais nous sommes que deux à le pratiquer sportivement et professionnellement.

Quels souvenirs gardes-tu de ton passage chez Talentos Colombia, la réserve de Colombia Tierra de Atletas - GW - Bicicletas ?

C'est un projet qui s'est développé très rapidement. C'était en 2020, mais à cause de la Covid nous n'avons pas beaucoup couru. Nous avons seulement participé à une course à Tolima. Cependant, c'était ma première année dans la catégorie U23. Le résultat n'était pas satisfaisant, néanmoins c'était une belle expérience. Après on devait disputer la Vuelta de la Juventud, mais parmi mes coéquipiers j'étais le seul à avoir la Covid. Avec cette équipe, je n'ai donc pas participé à d'autres épreuves.

Peux-tu revenir sur ta huitième place lors de la Vuelta de la Juventud avec Colombia Tierra de Atletas - GW - Bicicletas, en 2021 ?

Nous étions 11 coureurs U23 dans l'équipe. Parmi ces onze coureurs, on était six à courir au sein de l'équipe principale. Alors pour faire partie de cette formation, il y a eu beaucoup de test sélectifs afin de tirer le meilleur de chacun. Ensuite dix jours avant la Vuelta, nous nous sommes rassemblés pour nous entraîner ensemble et reconnaitre les étapes. Nous étions tous à un excellent niveau, en très bonne condition. Chacun d'entre nous était en mesure de réaliser un très bon classement général. C'était ma première Vuelta de la Juventud, donc j'étais un peu attentiste. Grâce à des situations de course favorables, le premier jour, mes coéquipiers ont terminé bien placés à la suite d'une échappée. Après cela, j'ai dû tenir un rôle de gregario et les aider. Jours après jours, je me sentais bien. Je respectais le travail d'équipe mais je terminais toujours les étapes de montagne avec eux. J'ai pris la septième place lors de trois étapes. Donc j'étais régulier et toujours animé par le collectif.

Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo
Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo

Comment t'es-tu blessé au genou droit après la course ?

J'ai souffert d'une hyperpression fémoro-patellaire chronique. Cette blessure a été causé par un surentrainement et une mauvaise posture sur ma machine. Je suis descendu du vélo, en mai, environ deux semaines après la Vuelta de la Juventud. Je n'ai ensuite plus disputé d'autres courses,

Comment ta guérison évolue et comment adaptes-tu tes entrainements en conséquence ?

Ça ne fait pas très longtemps que je remonte sur le vélo. Je vais beaucoup à la piscine, je suis des thérapies et je fais du renforcement musculaire. Désormais, je me sens bien. Je n'ai pas encore de fortes charges d'entraînement, cependant je peux presque dire que la blessure est derrière moi. Il faut que je poursuive ce travail de renforcement et cet entrainement progressif afin d'atteindre à nouveau ma meilleure condition.

Que t'ont respectivement apporté Rafael Acevedo et Luis Alfonso Cely ?

Le professeur Cely est un stratège comme entraineur et directeur de l'équipe Colombia Tierra de Atletas - GW - Shimano. Il court de manière offensive. Il sait toujours ce qu'il faut faire au sein du peloton, s'il faut contrôler ou cadenasser et anticiper les mouvements des rivaux. Rafael Acevedo est également un technicien offensif. Son expérience est unique, car il a participé à de nombreux Grands Tours. Les deux sont d'excellents entraineurs.

Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo
Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo

Comment te sens-tu avant de rejoindre l'équipe de développement d'Astana ?

C'est une grande opportunité. Je suis heureux de rejoindre l'équipe de développement d'Astana. Je suis très motivé. Actuellement, tous mes entrainements sont pensés pour arriver au meilleur niveau, en 2022, avec cette nouvelle équipe. Ce sera ma première expérience en Europe. Bien-sûr, le cyclisme européen est très différent du cyclisme colombien. Le placement au sein du peloton est très important en Europe, tout comme l'agressivité des coureurs. Mais je vais voir comment je m'adapte. Je crois au projet.

Comment ton frère Miguel Ángel te conseille-t'il ?

Bien-sûr, j'ai le meilleur professeur à la maison. On s'entraine ensemble presque tous les jours quand nous sommes en Colombie. Je vis également avec lui. Il dit que le cyclisme européen est différent à tous les niveaux : les routes sont plus étroites, les montées sont plus courtes et plus explosives, le placement est primordial et il y a un fort impact du vent, qui n'existe pratiquement pas en Colombie. Il y a beaucoup de conseils dont je vais profiter et que je vais mettre en pratique.

Est-ce une pression supplémentaire d'être le frère cadet d'un si grand champion ?

Non, pour moi cela ne représente aucune forme de pression. Être le frère de Miguel Ángel, un grand coureur de Grands Tours, c'est un exemple à suivre. Je l'admire beaucoup. J'ai plutôt un soutien essentiel de sa part, de son épouse et de ma famille qui m'encouragent à très bien faire les choses.

Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo
Crédit Photo : Federación Colombiana de Ciclismo

Connais-tu les neuf autres membres de l'équipe de développement d'Astana et la langue qui sera parlée au sein de cette nouvelle structure ?

Je ne les connais pas tous. Cependant, j'ai déjà parlé avec Martin López, d’Équateur, et les fils d'Alexandre Vinokourov, le créateur de cette équipe. Je ne connais pas encore les autres, mais je suis sûr que ce sont également de très bonnes personnes et d'excellents sportifs. Ça va être complétement nouveau pour moi la langue. Mais c'est un avantage qu'il y ait un autre coureur latino parlant espagnol. Sinon, je parle un peu italien. "Puchica", je vais faire partie de cette équipe !

Quelles informations as-tu reçues concernant ton calendrier et l'organisation ?

Ils ne nous ont pas encore donné beaucoup d'informations. Le premier rassemblement de l'équipe aura lieu le 17 janvier à Calpe (Espagne). On nous a également communiqué nos entraineurs pour chaque coureur et dans une semaine on devrait recevoir nos plans d'entrainement pour 2022.

Quelle est ta course favorite et ton rêve ?

Le Giro me semble être la course la plus belle. J'aimerais le courir à un moment donné pour y remporter une étape ou réaliser quelque chose de grand.

PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE