Leonel Quintero : "Au Japon, on court en circuit"
Le Venezuela continue de s'exporter en territoire nippon. Leonel Quintero, récent vainqueur d'étape sur le Tour de Kumano et vainqueur du classement par points du Tour du Japon, marche sur les traces de son compatriote Orluis Aular au sein de la formation Matrix Powertag. Le Vénézuélien de 25 ans s'épanouit à Osaka, au côté de "Paco" Mancebo. S'il rêve toujours de l'Europe, Leonel espère ramener une troisième victoire finale consécutive au JProTour à sa formation, fer de lance du cyclisme au pays des samouraïs.
Leonel, d'où es-tu originaire ?
Je vis à Buenos Aires, un hameau situé à une heure de Nirgua (capitale de l’État de Yaracuy, ndlr). Je me trouve à 1000 mètres d'altitude et pour m'entraîner les routes sont à moitié asphaltées.
Quel type de coureur es-tu ?
Je suis un coureur complet d'1 m 80 pour 66 kg. J'apprécie le sprint ainsi que la montagne où je me défends bien même si je ne suis pas un grimpeur. Le contre-la-montre est un exercice que j'aime également. J'ai été champion national Espoirs du chrono dans mon pays.
Comment as-tu rejoint la formation continentale Start Cycling ?
J'ai rejoint la formation Start Cycling en 2018 par l'intermédiaire de mon ami Orluis Aular, qui courrait déjà pour cette équipe en Belgique, l'année précédente [...]
J'ai participé à de nombreuses courses sur les territoires belges, français, néerlandais, allemands et portugais. Je me souviens de Paris-Chauny, une classique UCI 1.1 particulièrement difficile. J'ai également disputé les tours de Chine I et II.
2018 a été ma grande expérience. C'était la première fois que je me rendais en Europe, dans un univers totalement différent de celui que je connaissais au Venezuela. À mon arrivée, j'ai beaucoup souffert du froid.
As-tu connu des difficultés d'adaptation ?
M'adapter au cyclisme européen a pris du temps. Je n'étais pas habitué aux pavés ni aux bordures. En Belgique, les parcours étaient assez plats et on affrontait chaque weekend une forte concurrence. Je n'avais encore jamais couru dans des pelotons de 160 coureurs du même niveau, au Venezuela généralement on courrait à 100 mais on était peu à pouvoir gagner.
J'arrivais à me placer dans les premières positions du peloton mais ce qui était difficile c'était de s'y maintenir. Comme tout le monde souhaitait rouler à l'avant, je perdais parfois ma place et je devais ensuite m'imposer un nouvel effort pour me replacer. Parfois, le placement était plus important que la condition physique. Cependant, je me suis rapidement adapté.
2019 s'est moins bien passée pour toi ?
En 2019, ma deuxième saison en Belgique a été plus difficile. Pourtant, j'avais réalisé un bon Tour de Táchira en soutien d'Orluis Aular, qui avait remporté cette année-là une étape, en plus de monter cinq fois sur le podium. Ensuite, Orluis a rejoint Matrix Powertag au Japon, tandis que moi j'ai à nouveau pris la direction de l'équipe Start Cycling. Ma saison a été perturbée par une agression lors de laquelle on m'a volé mes vélos, ce qui m'a fait prendre du retard dans ma préparation, faute d'entraînements.
Tu as connu de nombreux succès dès ton arrivée au Japon comme Orluis Aular avant toi, comment t-es-tu adapté à un environnement si différent du tien ?
En 2020, j'ai remporté le Japan Pro Tour dès ma première saison au Japon avec Matrix Powertag (comme Orluis Aular, un an plus tôt, ndlr). Toutefois, c'était la première fois que je passais autant de temps loin de mon foyer. Je reste habituellement dix mois au Japon à Osaka, sans rentrer au Venezuela. Ça a également été compliqué de m'adapter à la culture et à la langue nipponne. J'ai essayé d'apprendre le japonais à mon arrivée mais cela s'est avéré difficile. J'utilisais en permanence le traducteur (rires, ndlr). Cependant, j'ai des coéquipiers qui parlent aussi espagnol comme « Paco » Mancebo et Marino Kobayashi, un Japonais dont le père est ibérique.
En quoi le cyclisme japonais est-il différent de ce tu as connu auparavant ?
La principale différence c'est qu'au Japon on court souvent en circuit. Les distances sont donc assez courtes, environ 120 kilomètres de course, avec départ et arrivée dans la même ville. Ces schémas favorisent les coureurs japonais qui sont toujours difficiles à décrocher dans les ascensions. Cependant, plus la course est longue plus ils ont tendance à être distancés, à l'inverse des Européens et Vénézuéliens qui sont plus résistants. Cela est en partie dû à des manières de s'entraîner différentes avec des séances plus longues, en ce qui nous concerne.
Qui sont tes coéquipiers ?
L'équipe affiche un bon niveau et bataille toujours sur le calendrier nippon. J'ai deux coéquipiers espagnols « Paco » Mancebo et José Toribio. Les autres sont Japonais. Parmi eux il y a Daiki Yasuhara qui est le fils du directeur de l'équipe ainsi que Marino Kobayashi et Hayato Yoshida, qui ont fait partie de la ProTeam Nippo Vini Fantini et ont acquis de l'expérience en Italie.
Quels sont les sponsors de ta formation ?
La structure est sponsorisée par l'entreprise Matrix, organisatrice de nombreux évènements rassemblant des milliers de cyclistes amateurs comme c'est le cas sur le circuit de Suzuka. Les coureurs professionnels de l'équipe sont présents sur ces évènements pour montrer l'exemple aux amateurs et les aider. Le fabricant de casques et lunettes Kabuto est un autre partenaire important de l'équipe.
Quels sont tes prochains objectifs ?
L'objectif est de défendre notre classement au Japan Pro Tour. Mon coéquipier Marino Kobayashi occupe la première place tandis que je suis deuxième. Après une pause d'un mois et demi en raison des fortes chaleurs touchant le Japon l'été, nous reprendrons la compétition en septembre et octobre où plusieurs courses UCI nous attendent (Tour de Hokkaido, Oita Urban Classic et Japan Cup, ndlr).
À long terme qu'ambitionnes-tu ?
J'aimerai retourner en Europe et y prouver mon talent.
Quel est le but de la Fundación Leonel Quintero, ton autre grand projet ?
Je suis très heureux de faire partie d'une fondation portant mon nom. Nous l'avons créé pour que les enfants de Nirgua aient la même opportunité que celle que j'ai eu à mes débuts au sein de la fondation Carlos Ochoa (ancien membre de l'équipe Androni Giocattoli, double vainqueur du Tour du Venezuela, ndlr). Nous souhaitons que nos enfants suivent la voie empruntée par Orluis Aular, Roniel Campos et moi-même en pratiquant le cyclisme et en découvrant de nouvelles cultures.
PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE