Luis Mora : "Je suis très reconnaissant envers l’OCVO"
Adulé dans son État de Táchira, le Vénézuélien Luis Mora découvre la France métropolitaine, cette saison, dans le Val d'Oise. À
27 ans, le grimpeur de poche compte y montrer les mêmes qualités qu'en Guadeloupe. Luis Mora espère toujours prendre son envol dans le cyclisme professionnel européen.
"Une année importante pour moi"
Quel bilan tires-tu de ton arrivée en France ?
Je suis très heureux et reconnaissant envers l'OCVO (Olympique cycliste Val d'Oise, club de Nationale 1, ndlr), le président Hervé François, le directeur sportif Joel Challat et Damien Maroni (un des coureurs de l'équipe, ndlr), qui m'héberge, pour l'opportunité qu'ils m'ont donné de venir en France. Je suis content de ma deuxième place lors du Grand Prix de Saint Quentin.
Cette deuxième année dans une équipe française est importante pour moi, surtout désormais en Europe car c'est la porte principale du cyclisme et l'endroit où on respire le vélo.
Dans quelle langue communiques-tu avec tes coéquipiers français ?
Je parle un peu français même si c'est plus facile de comprendre que de s'exprimer. En France, il est assez courant d'apprendre l'espagnol à l'école et à l'université, donc plusieurs de mes coéquipiers parlent espagnol. Cela facilite la communication entre nous.
Es-tu satisfait de ton Tour de Táchira, achevé au septième rang ?
J'espérais plus mais cette septième place est méritée et satisfaisante. Cette année, je courrais pour l'équipe colombienne Team Raul Saavedra, située dans la ville de Cúcuta à la frontière avec le Venezuela. Après Táchira, nous sommes allés courir en République dominicaine. J'avais toujours voulu participer au Tour de l'Indépendance, en République dominicaine, et cette année j'ai pu y participer avec l'équipe Inteja Imca-Ridea DCT, grâce à Diego Milán. Face à une forte adversité, j'ai obtenu une bonne sixième place au classement général.
Tu as terminé deuxième du classement général en 2019 et remporté le maillot de meilleur jeune à Táchira en 2017, est-ce ton grand objectif d'y triompher un jour ?
Pour être Tachirense, originaire de l’État de Táchira, mon rêve est bien-sûr de remporter un jour le tour local.
L'épreuve fait partie intégrante de la culture vénézuélienne, c'est une tradition à Táchira. Les gens respectent beaucoup les cyclistes et vont voir la course début janvier, ce sont dix jours de fêtes. Le soutien des gens motive toujours.
Quel type de grimpeur es-tu, quelles sont tes ascensions favorites ?
Je mesure 1m 61 et pèse 61kg. En Guadeloupe, j'aime particulièrement la montée des Mamelles. Au Venezuela, j'apprécie les ascensions de Cerro el Cristo ainsi que de la Casa del Padre, qui sont très exigeantes et importantes, lors du Tour de Táchira.
Au Venezuela, il y a d'autres longues ascensions de plus de cinquante
kilomètres [...] Je vis à San Cristobal, la capitale de l’État de Táchira, mais
je suis originaire d'un village situé à 1800 mètres d'altitude.
"Magnifique de revoir le Venezuela à ce niveau"
Ta saison 2021 en Guadeloupe t-a-t-elle marquée ?
Mon année là-bas a été importante pour moi. Après plusieurs épreuves au Venezuela et le Tour de Santander en Colombie, j'ai pu me rendre en Guadeloupe.
L'année dernière, nous étions quatre Vénézuéliens sur l'île, cette année ils sont dix [...] Le climat se ressemble beaucoup entre le Venezuela et la Guadeloupe, cependant le terrain est plus plat. Les ascensions les plus longues que j'ai réalisées sur le sol guadeloupéen, comme Les Mamelles, faisaient treize kilomètres et étaient situées à 800 mètres d'altitude. Cependant, cela reste malgré tout vallonné.
Es-tu fier de voir les résultats actuels de ton compatriote Orluis Aular en Europe ?
Je suis heureux pour Orluis Aular, qui a remporté le Tour d'Alentejo, au Portugal, et participé à sa première course World Tour, le Tour du Pays basque, où il a obtenu des top 10. C'est magnifique de revoir le cyclisme vénézuélien à un tel niveau. Je souhaite le féliciter. Nous échangeons parfois [...]
Quand j'étais dans la catégorie Espoirs, lui était en Juniors. Généralement, les Juniors regardent avec admiration les Espoirs, donc nous communiquions régulièrement. Ensuite, il est allé en Belgique (au sein de l'équipe Start Team Gusto, en 2017 et 2018, ndlr), puis au Japon (chez Matrix Powertag, en 2019, ndlr), avant de rejoindre Caja Rural - Seguros RGA.
"Il manque des équipes"
Selon toi, qu'est-ce qui empêche le cyclisme vénézuélien d'être aussi performant que ses homologues colombien et équatorien ?
Il manque une meilleure organisation dans les clubs pour former les enfants, pourtant de nombreux jeunes souhaitent devenir cyclistes. La génération d'Orluis Aular est très talentueuse mais par la suite le niveau a baissé, notamment en raison de la situation économique du pays.
Actuellement, il y a quelques Juniors qui peuvent éclore. La grande faille est le manque d'équipes Juniors : Il y en a seulement sept alors que pour une formation de qualité il en faudrait entre 20 et 30, apportant chacune des coureurs prometteurs susceptibles de faire carrière en Europe [...]
Aujourd'hui, les compétitions majeures sont le Tour de Táchira et le Tour du Venezuela, qui sont deux courses UCI 2.2, ainsi que les championnats nationaux, mais de nombreuses classiques de trois-quatre jours ont disparu du calendrier. On est passé de près de vingt courses par étapes, réparties tout au long de la saison après le Tour de Táchira, à seulement quatre.
Quel est ton rêve ?
Mon rêve est de rejoindre une équipe professionnelle et de participer aux plus grandes courses.
PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE