Martín López : "Le Tour d'Italie U23 sera l'un de mes objectifs"
Le peloton pourrait prendre un air de Jurassic Park. Le dinosaure Martín López
arrive à grands pas. Il rejoint dans un premier temps l'équipe réserve d'Astana Qazaqstan avant d'intégrer la World Tour. En stage à Calpe, l’Équatorien s'est confié sur son parcours et ses ambitions. À
la découverte de "Martinsaurio".
"Je vis à La Esperanza"
Comment as-tu débuté le cyclisme ?
Au début, je pratiquais le triathlon mais je me suis rendu compte que je préférais le cyclisme. J'ai donc débuté le vélo à quinze ans, au sein de la sélection provinciale. Après quatre années avec cette équipe, j'ai rejoint l'équipe de formation de Best PC. Ensuite, j'ai eu l'opportunité d'effectuer un stage de quelques mois, en Espagne, dans les rangs du club de Talavera.
Une fois rentré en Équateur, j'ai disputé une saison sous le maillot de Movistar Team Ecuador (l'équipe évoluait alors en Continentale, ndlr), formation sponsorisée par Telefonica. Enfin, j'ai réalisé mes deux dernières saisons au sein de l'équipe première Best PC (équipe équatorienne classée Continentale, ndlr) et je rejoins maintenant Astana Qazaqstan Development (l'équipe continentale U23 de la World Tour Astana Qazaqstan, ndlr).
Partages-tu ta carrière sportive avec des études ?
Actuellement, je termine mon cinquième semestre de licence en Administration d'entreprises. Parfois c'est un peu difficile, mais le plus important c'est que je réussis bien et que j'arrive à combiner sport et études sans aucun problème. J'aimerais pourquoi pas gérer ma propre entreprise, après ma carrière de cycliste professionnel.
Où vis-tu en Équateur ?
Je vis dans un village appelé La Esperanza, à Ibarra. C'est un endroit spectaculaire à 2 600 mètres d'altitude. Le climat est agréable toute l'année avec une température générale de dix-huit degrés. Là-bas, je m'entraîne souvent avec Byron Guamá et Jhonatan Narváez.
"Byron est comme un second père"
Que t'as transmis Byron Guamá ?
Je connais Byron depuis environ trois ans. Il m'a aidé en me transmettant toutes ses connaissances, en ce qui concerne l'alimentation, la récupération, le sommeil, l'entraînement et la position sur le vélo. Je lui suis reconnaissant pour tout cela. Il a été une excellente personne avec moi sans jamais être égoïste. Byron est comme un second père pour moi, c'est l'une des personnes qui m'a le plus appris.
Qui est ton frère Mateo qui te succèdera chez Best PC ?
Je pense que Mateo sera meilleur que moi (rires, ndlr). Il est beaucoup plus jeune (17 ans, ndlr) et a suivi mon exemple. Il est très ambitieux. On peut dire qu'il souhaite faire mieux que moi, dans l'équipe Best PC. Cette année, Mateo fera partie du club espagnol de Talavera comme moi auparavant. Miguel Ángel Rodrigo Díaz est une incroyable personne, qui m'a donné l'opportunité de courir au sein de son équipe, en 2018. Je suis donc très heureux de la chance que va avoir Mateo de découvrir le cyclisme européen. Cela lui sera très utile.
"J'aime les longues ascensions"
Quel est ton profil ?
Je me vois comme un coureur complet mesurant 1 mètre 65 pour 57 kilos. Je dois encore beaucoup progresser en contre-la-montre mais, aujourd'hui, je suis dans l'une des meilleures équipes au monde avec un matériel de grande qualité et la possibilité de réaliser des tests en soufflerie. Je pense que cela me permettra de devenir un meilleur rouleur.
Les courses par étapes m'intéressent. Cependant, on sait que désormais aucun classement général ne pourra être remporté sans un bon contre-la-montre, c'est pourquoi il faut travailler là-dessus.
Quel type de grimpeur es-tu ?
Je préfère la haute montagne à la moyenne montagne. C'est toujours mieux s'il y a de l'altitude. J'apprécie également les longues ascensions. Par exemple, une montée de 10-15 kilomètres à 8-9% me correspondrait très bien.
Comment te débrouilles-tu dans des ascensions plus courtes ?
À cause de mon poids, je développe moins de watts. De plus, un coureur qui n'est pas un pur grimpeur peut résister à ce type de difficultés, donc ce n'est pas mon point fort. Lors des derniers Championnats du monde (à Louvain, ndlr), il y avait, par exemple, des bosses assez dures nécessitant beaucoup d'explosivité et où j'ai assez souffert.
Pourquoi te surnomme-t-on « Martinsaurio » ?
Imaginez-vous un dinosaure qui, quand il pédale, hoche la tête de gauche à droite. C'était moi quand j'étais jeune (rires, ndlr). C'est mon premier entraîneur qui m'a attribué ce surnom. Je l'aime beaucoup car il a une belle signification.
Est-ce une fierté d'avoir réalisé toute ta formation en Équateur, comment fonctionne Best PC ?
C'est un grand motif de fierté. Cela prouve qu'il y a énormément de talent en Équateur. Je peux dire que je suis le premier Équatorien à passer directement d'une équipe équatorienne (Best PC, ndlr) à une équipe professionnelle européenne. C'est une immense porte qui s'ouvre pour les jeunes suivant mes traces.
Juan Andrade est le manager de l'équipe Best PC. Il m'a donné l'opportunité d'être leader sur des courses européennes, comme le Circuit des Ardennes et le Tour de l'Avenir, et des épreuves américaines, comme les Tour du Costa Rica, du Guatemala et de Táchira. C'est une formation qui encadre très bien ses jeunes coureurs.
"Nous formons une belle équipe"
Comment s'est déroulé ton transfert pour Astana Qazaqstan ?
J'ai signé pour trois saisons chez Astana Qazaqstan. J'accomplirai ma première année au sein de l'équipe U23, tandis que je défendrai l'équipe World Tour lors des deux années suivantes. Ce mouvement a été rendu possible, juste après les Championnats du monde, par A&J All Sports, l'agence des frères Carera (Johnny et Alex, agents de Tadej Pogacar et Vincenzo Nibali, ndlr), personnalités reconnues du cyclisme mondial.
Peux-tu nous parler de ton camp d'entraînement et de tes nouveaux coéquipiers ?
Nous découvrons de nouvelles choses lors de ce camp d'entraînement : les vêtements, les vélos... J'apprends énormément. J'ai déjà pu converser avec Vincenzo Nibali, David De La Cruz, Sebastián Henao et Javier Romo. Il y règne une atmosphère agréable et l'on voit qu'ils cherchent à aider les nouveaux dans leur intégration.
Dans l'équipe U23, j'ai une bonne relation avec Alexandre et Nicolas Vinokourov (les deux fils du manager Alexandre Vinokourov, ndlr), Gianmarco Garofoli, Pablo Suarez et Juan Carlos López (le frère de Superman López, ndlr). Nous formons une bonne équipe de travail.
Connais-tu ton programme ainsi que tes objectifs ?
Nous n'avons pas encore de calendrier car nous sommes une nouvelle équipe. Cependant, nos entraîneurs regardent quelles épreuves peuvent le mieux nous correspondre. Ce qui est sûr c'est que le Tour d'Italie Espoirs sera l'un de mes principaux objectifs à court terme. J'espère être à la hauteur et pourquoi pas obtenir une victoire lors de cette belle course.
J'adorerais également revenir sur le Tour de l'Avenir. L'an dernier, la course s'est plutôt bien passée. Donc en 2022, avec plus d'expérience et de confiance, j'espère y faire beaucoup mieux.
Quel est ton rêve ?
J'ai accompli l'un de mes rêves qui était de faire partie de l'une des meilleures équipes au monde. Mon plus grand rêve est maintenant de remporter une Vuelta, c'est un objectif pour lequel il faudra énormément travailler. J'apprécie l'Espagne car c'est le pays où j'ai débuté (avec le club de Talavera, ndlr) et où les gens m'ont tendu la main, sans rien n'attendre en échange car j'étais encore un enfant. La Vuelta serait une énorme marque de reconnaissance pour toutes ces personnes.
PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE