MILAN - SAN REMO : PREVIEW

20/03/2021

Il faudra être monumental sur la Via Roma pour s'adjuger Milan - San Remo. La Classisicima est le premier Monument de la saison. Sprinters ou puncheurs, qui aura le dernier mot ? Van Aert et Van der Poel sont-ils imbattables et quid de Julian Alaphilippe ? Présentation du Monument italien...

Julian Alaphilippe rattrapé par Van Aert, l'an dernier. Crédit Photo : Getty Images
Julian Alaphilippe rattrapé par Van Aert, l'an dernier. Crédit Photo : Getty Images

La course

Date: Samedi 20 mars 2021

Catégorie: World Tour (WT)

Lieu: Italie (Lombardie, Ligurie)

Édition: 112ème

Format: Monument, classique

Parcours: 299km entre Milan et San Remo

Profil: puncheur/sprinter

Équipes: 19 WT + 6 PT (25)

Participants: 175

TV: Eurosport

Record de victoire: Eddy Merckx (7)

Tenant du titre: Wout van Aert (Jumbo Visma)

Les favoris

***** Wout van Aert, Mathieu van der Poel

**** Julian Alaphilippe, Sam Bennett, Michael Matthews, Peter Sagan, Giacomo Nizzolo

*** Caleb Ewan, Arnaud Démare, Alexander Kristoff, Davide Ballerini, Tom Pidcock, Michal Kwiatkowski, Alex Aranburu, John Degenkolb, Matteo Trentin

** Christophe Laporte, Pascal Ackermann, Fernando Gaviria, Sonny Colbrelli, Philippe Gilbert, Elia Viviani, Tim Wellens, Iván García Cortina, Sergio Higuita

* Nacer Bouhanni, Andrea Vendrame, Vincenzo Nibali, Niccolo Bonifazio, Matej Mohoric, Sören Kragh Andersen, Filippo Ganna, Alberto Bettiol

Wout van Aert, lors de sa victoire sur la Via Roma, en 2020. Crédit Photo : Getty Images
Wout van Aert, lors de sa victoire sur la Via Roma, en 2020. Crédit Photo : Getty Images

L'homme à suivre

Wout van Aert. Le Belge était le tenant du titre sur les Strade Bianche, il ne s'est pas imposé une deuxième année consécutive. Cette fois sur Milan San Remo, tous les voyants sont au vert. Après sa quatrième place à Sienne sur la 'Classique des chemins blancs', Wout van Aert (Jumbo Visma) est monté en puissance sur Tirreno Adriatico. Il a remporté la première étape au sprint massif devant des vrais spécialistes (Caleb Ewan et Fernando Gaviria) et le contre-la-montre final face aux meilleurs rouleurs mondiaux (Filippo Ganna et Stefan Kung). Surtout, 'WVA' a pris la deuxième place du classement général derrière l'irrésistible Tadej Pogacar et finit les sept étapes de la 'Course des deux mers' dans le Top 15. Il a fait l'étalage à la fois de sa polyvalence et de sa régularité.

Aujourd'hui, le Belge récolte les fruits de son hiver studieux dans les labourés et en stage sur le Volcan Teide. Le coureur d'Herentals est fin prêt pour les grandes classiques, à commencer par les Monuments. Sur sa route, Wout van Aert retrouvera Mathieu van der Poel (Alpecin Fenix), peut-être l'homme le plus en forme du moment, et Julian Alaphilippe (Deceuninck Quick Step). Il peut s'imposer dans n’importe quelle situation de course : en solitaire, au sprint en petit comité et au sprint massif. C'est la raison pour laquelle, van Aert tient les clés de la course. Marquera t-il van der Poel et Alaphilippe ou attaquera t-il le premier ? 

"Bling" Matthews, le sprinter qui passe le mieux les bosses ? Crédit Photo : Getty Images
"Bling" Matthews, le sprinter qui passe le mieux les bosses ? Crédit Photo : Getty Images

Parlons-en

Michael Matthews. Troisième l'an dernier de Milan - San Remo, l'Australien a le profil idéal pour s'imposer sur la Via Roma. Il est celui avec Peter Sagan à qui on a toujours promis la Primavera. Mais à 30 ans, Michael Matthews n'a toujours pas accroché Milan - San Remo à son palmarès, ni aucun Monument d'ailleurs en dépit de sa polyvalence travaillée au fil des années. Le temps presse pour le natif de Canberra. La nouvelle génération est arrivée et ne laisse que des miettes.

L'Australien a quitté le Team Sunweb pour retrouver le Team BikeExchange, dans lequel il a évolué, entre 2013 et 2016. La formation aussie ne s'appelle plus Orica GreenEdge, néanmoins elle a gardé le même état d'esprit. Matthews retrouve cette saison de nombreux coureurs qu'il a côtoyé lors de son premier passage dans l'équipe de Matthew White. Le Team BikeExchange fait pleinement confiance en sa star retrouvée. Ce sera tout pour Matthews, Luka Mezgec et Robert Stannard seront au service de "Bling". Comme celle de van Aert, la forme de Matthews semble s'améliorer de jour en jour. L'ancien vainqueur du classement par points du Tour de France a porté le maillot jaune durant une étape sur Paris Nice, sa course de reprise. Il a également terminé deux étapes à la troisième place. Dans l'ascension de Chiroubles (7,4km à 5,9%), l'Australien s'est même permis d'attaquer à plusieurs reprises. Il devrait passer le Poggio sans soucis. Reste à voir s'il aura l'explosivité suffisante pour suivre les offensives des puncheurs.

Barbe rousse. Quinn Simmons est reconnaissable dans le peloton. Crédit Photo : Getty Images
Barbe rousse. Quinn Simmons est reconnaissable dans le peloton. Crédit Photo : Getty Images

Le coup de jeune

Quinn Simmons. Les résultats de l'Américain ne sont pour le moment pas significatifs. Pourtant, l'ancien champion du monde juniors, passe un palier en ce début de saison, à 19 ans. Quinn Simmons a surmonté sa difficile fin d'année 2020 lors de laquelle il avait été suspendue par Trek Segafredo pour des tweets politiquement engagés. Sur les Boucles Drôme Ardèche, il a d'abord enchaîné deux Top 20 : dixième de la Faun Ardèche Classic et seizième de la Royal Bernard Drôme Classic. Ensuite, l'Américain a joué les premiers rôles sur les Strade Bianche. Il faisait partie du prestigieux groupe de tête avant de voir sa course ruinée par une crevaison, au pire des moments, puis par une chute.

Quinn Simmons ne s'est pas montré à son avantage sur Tirreno Adriatico mais Milan - San Remo est l'un de ses principaux objectifs. Son plus grand rêve reste Paris Roubaix mais le jeune du Colorado a toutes les grandes classiques en tête. La Primavera est le premier Monument de sa jeune carrière. Simmons est davantage en Lombardie pour apprendre que pour viser un grand résultat. Avec Vincenzo Nibali, vainqueur en 2018, il ne peut pas rêver meilleur professeur. 

Sam Bennett, à la conquête de San Remo, 29 ans après Sean Kelly. Crédit Photo : Getty Images
Sam Bennett, à la conquête de San Remo, 29 ans après Sean Kelly. Crédit Photo : Getty Images

L'armada

Deceuninck Quick Step. La formation belge est l'équipe de classiques par excellence. Milan - San Remo ne déroge pas à la règle. Le "Wolf Pack" a dans ses rangs un favori et deux gros outsiders. Le favori est bien sûr Julian Alaphilippe. Le champion du monde s'est imposé en 2019 à San Remo, il a également terminé sur le podium en 2017 et 2020. Les deux outsiders sont deux sprinters : Sam Bennett et Davide Ballerini. L'Irlandais est le meilleur sprinter du monde à l'heure actuelle. Il vient de passer la symbolique barre des cinquante victoires professionnelles en carrière en remportant deux étapes du Tour des Émirats arabes unis puis deux à nouveau sur Paris Nice. En faisant des efforts en montagne lors de l'étape de la Colmiane, Bennett s'est donné les moyens de pouvoir franchir le Poggio pas trop loin de la tête de course.

L'Italien est l'une des révélations du début de saison. Il a glané le Circuit Het Nieuwsblad et deux étapes du Tour de la Provence. Sa forme n'est pas ascendante mais on ne peut pas pour autant dire qu'elle est déclinante. Ballerini vient de prendre une troisième place d'étape sur Tirreno Adriatico. Deceuninck Quick Step se trouve face à un choix cornélien: dynamiter la course avec Alaphilippe au risque d'être battu par Van der Poel et Van Aert et de sacrifier les chances de Bennett et de Ballerini ou favoriser un sprint massif favorable à ces deux derniers. Il faudra prendre la bonne décision chez les Belges.

Le parcours

299 kilomètres entre Milan et San Remo
299 kilomètres entre Milan et San Remo

À ne pas manquer

Le Poggio. Les trois Capi (Capo Mele, Capo Cervo et Capo Berta), la Cipressa et le Poggio sont les cinq difficultés majeures de la dernière heure de course de Milan - San Remo. Cependant, il n'y a rien d'insurmontable. Ces ascensions n'excèdent pas les 300 mètres d'altitude. Elles ne sont pas plus longues qu'elles ne sont pentues, la Cipressa et le Poggio ont une pente maximale de 5 et  6 %. La chaussée est large sur la côte ligure. Alors, la difficulté est autre : la distance.

La Classisicima est la course la plus longue de l'année avec 299 kilomètres, environ 310 si on comptabilise le défilé jusqu'au départ réel. Les coureurs vivent six heures tranquilles sur le vélo - pour ne pas dire ennuyeuses - avant que la course ne s'emballe véritablement dans la septième et dernière heure de course. Ultime difficulté, le Poggio (3,6km à 3,7%), dont le sommet est tracé à 7 kilomètres de l'arrivée, intervient donc après 290 kilomètres de courses. Les coureurs - même les plus endurants - ont perdu une partie de leur "giclette". Ils sont moins tranchants et les différences s’effectuent naturellement. Ces dernières années, les puncheurs ont à chaque fois piégé les sprinters dans le Poggio. C'est là que Michal Kwiatkowski, Vincenzo Nibali, Julian Alaphilippe et Wout van Aert ont fait la différence. La descente du Poggio n'est également pas à prendre à la légère pour les coureurs les moins lucides. Le Poggio de San Remo est le point clé de la course.

Sortez le prosecco ! 'MVDP' est assoiffé de succès. Crédit Photo : Getty Images
Sortez le prosecco ! 'MVDP' est assoiffé de succès. Crédit Photo : Getty Images

La décla'

"Remporter Milan - San Remo, 60 ans après Poulidor (son grand-père, ndlr), ce serait beau, ce serait une histoire géniale à raconter. J'avais vu cette information sur les réseaux sociaux mais ça n'ajoutera pas une émotion supplémentaire : Ce serait déjà assez immense de gagner San Remo comme ça. Van Aert a l'avantage de l'avoir déjà gagné une fois, pour lui ce sera plus facile. Mais ce sera une nouvelle course. Normalement, le plus fort s'impose toujours ici. Est-ce que c'est la plus dure à gagner ? C'est l'une des plus difficiles, il n'y a pas beaucoup d'endroits où forcer la course. Il faut faire la différence dans le Poggio. C'est difficile d'y faire un gros écart.

Après 300 kilomètres, celui qui gagne le sprint est le plus fort. J'ai déjà été dans la situation d'être le grand favori. J’essaierai de gagner la course et si je n'y arrive pas, j'aurai d'autres occasions. Il y a des courses que je ne gagnerai jamais. Il faut rester honnête. La probabilité de perdre une course est toujours plus grande que celle de gagner.

Pendant les 150 premiers kilomètres, il faut veiller à ne pas s'endormir. Ce n'est pas mon genre de courses. C'est une course vraiment fermée. Pour passer le temps, je regarde autour de moi et je parle avec des autres coureurs. Ça dure très longtemps avant que la course soit vraiment lancée. C'est un exercice particulier de rouler 300km, donc on doit s'adapter." (Mathieu van der Poel, RTBF)

AYMERIC PEZE