Rein Taaramäe ''Utiliser davantage son instinct et ses réflexes que la radio''

L'Estonien dispute son dix-neuvième Grand Tour. A 36 ans, Rein Taaramäe se verrait bien ramener une nouvelle étape a Intermarché-Circus-Wanty. A la veille de sa course favorite, l'ancien de la Cofidis et de Direct Energie se confie sur sa carrière, sa vision du succès et les jeunes coureurs actuels. 

En quoi le Giro est-il différent du Tour et de la Vuelta ?

Le Giro est mon Grand Tour préféré à regarder et avec de très bonnes jambes, c'est le meilleur pour participer car c'est très difficile. Si la condition n'est pas à 100% mieux vaut rester à la maison ! Ici, la météo peut jouer un rôle incroyable à cause du froid et de la pluie et cela rend la course très éprouvante. Les Alpes au printemps sont plus difficiles qu'en été. Les transferts sont généralement plus longs que les autres Grands Tours et les routes sont parfois un peu trop étroites et pas dans les meilleures conditions. Mais j'aime cela, aussi parce qu'il y a moins de sprinters, or ce sont souvent eux qui produisent du stress et des chutes dans le peloton. La course entre grimpeurs est plus intelligente et sûre.

Les fans au bord de la route sont souvent des gens qui attendent le premier coureur jusqu'au dernier car ce ne sont pas des touristes qui vont voir le Tour quand ils font du camping l'été en France et veulent voir seulement le premier gars et puis quand le gruppetto arrive vous pouvez voir qu'ils redescendent déjà. Lors du Giro, ils vous connaissent par votre nom et ils vont regarder la course parce qu'ils sont des passionnés.

Est-ce que ta victoire d'étape en 2016 est le plus grand succès de ta carrière ?

En 2016 gagner l'étape la plus difficile du Giro, l'avant dernier jour est quelque chose que je ne peux pas oublier, ce fut un grand moment et un grand succès pour moi. Je pense que toutes mes victoires sur les Grands Tours sont importantes, donc je ne peux pas dire que c'est ma plus grande victoire. Derrière ce succès, c'était beaucoup de souffrance et de travail acharné mais il faut être réaliste, tout le peloton réalise ce travail acharné. Vous ne pouvez pas être pro au niveau World Tour si vous ne travaillez pas dur, mais certains gars ont plus de chance et plus de talent et à chaque fois, nous obtenons de grandes victoires en combinant tout cela. 

Ma plus grande victoire est ma carrière de 16 ans jusqu'à présent, je fais toujours ce que j'ai toujours rêvé de faire et je continue de vivre mon rêve année après année. Je suis un sportif très heureux et à ce stade de ma vie je ne veux pas faire ce que font me voisins ou mes amis ou être quelqu'un d'autre.

En quelle forme arrives-tu au départ, es-tu satisfait de ton début de saison ?

Je pense que ma forme est bonne. Il est très difficile de dire à quel point mais ma saison est positive. Toutes les courses difficiles que j'ai faites jusqu'à présent, j'étais proche du top 10, donc si je continue avec les mêmes jambes ici en Italie, je serais content.

J'ai eu très peu de satisfaction parce que dans cette vie, j'ai toujours des objectifs et pas une seule fois cette année je les ai vraiment atteint. Je voulais terminer sur le podium au Tour d'Oman et j'ai pris la quatrième place. J'ai ensuite disputé le Tour des Emirats Arabes Unis, le Tour de Catalogne, le Tour du Pays-basque et le Tour de Romandie, et mon propre objectif était de finir dans le top 10 d'une de ces courses et mon meilleur résultat est une quinzième place au Pays-basque.

Quels sont les objectifs au Giro ?

Mon objectif au Giro est de me battre pour une victoire d'étape au moins une fois. J'aime être le mentor de nos jeunes. Le problème avec eux aujourd'hui, c'est qu'ils ont Instagram, Internet, Twitter YouTube et ils l'utilisent tellement que parfois, même si nous leur conseillons quelque chose, ils ont toujours une réponse prête et avec leur propre point de vue parce qu'ils ont beaucoup d'informations, mais souvent 50% de ces informations sont fausses. Donc je leur conseille d'écouter leurs collèges plus âgés ainsi que de profiter de chaque kilomètre de course et d'oublier parfois les directives étranges à la radio. Chaque prochain virage n'est définitivement pas le plus dangereux comme le souligne les directeurs sportifs. Utilisez davantage votre instinct et vos réflexes pour faire la course. L'objectif de l'équipe est aussi de gagner une étape.

D'après toi, qui remportera le classement général ?

J'espère quelques surprises mais il y a deux favoris. Je les aime tous les deux comme personne et ce sont de très bons exemples pour le cyclisme. Ils sont incroyablement forts et ils ont une grande classe sur le vélo, c'est beau à regarder quand ils sont à 100% en pleine forme ! je leur souhaite à tous les deux bonnes chances. Allez Remco, allez Primoz. 

PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE