Ricardo Zurita : "J'ai grimpé tout le Teide avec Pogacar"

24/01/2022

Le Vénézuélien Ricardo "El Gatico" Zurita a trouvé une seconde maison à Tenerife. En 2022, il sera néo-pro chez Drone Hopper-Androni Giocattoli et courra avec une licence espagnole. S'il a raté le Tour du Táchira à cause d'une grippe, Zurita est motivé pour débuter à Majorque. À la découverte d'un talent au parcours atypique.

Crédit photo : Drone Hopper-Androni Giocattoli
Crédit photo : Drone Hopper-Androni Giocattoli

Comment as-tu débuté le cyclisme ?

Mon père aimait beaucoup le cyclisme et il m'emmenait voir les courses au Venezuela. J'ai tout de suite aimé moi aussi et comme ma première course s'est bien déroulée j'ai eu l'envie de continuer. Je viens de la ville de Pariaguán dans l'État d'Anzoátegui. Au début, je vivais le cyclisme comme un jeu, avec les amis de ma ville nous faisons à chaque sortie la course en nous attaquant. A l'âge de 14 ans, j'ai intégré l'équipe de talent national dont le siège se trouvait à Táchira.

Que penses-tu de la progression d'Orluis Aular (Caja Rural-Seguros RGA), l'autre Vénézuélien évoluant dans une ProTeam ?

Orluis est un exemple pour tous les cyclistes vénézuéliens. Personnellement, je le suis beaucoup car il a un profil proche du mien. Ça me fait plaisir de voir que le cyclisme redémarre au Venezuela.

Quel est ton profil ?

Je suis un coureur doté d'une bonne pointe de vitesse. C'est cette vélocité qui m'a toujours permis d'obtenir de bons résultats dans des pelotons réduits. Comme je suis léger (60kg), je passe également bien la montagne, même si je ne suis pas un grimpeur en raison de mes limites en haute montagne. Les courses vallonnées comme les classiques ardennaises sont celles qui attirent le plus mon attention.

Crédit photo : G Sport
Crédit photo : G Sport

Pourquoi t'appelle-t-on « El Gatico » ?

On m'appelait El Gatico (« le petit chat », ndlr) au Venezuela dans l'État d'Anzoategui. Le meilleur cycliste local était Manuel « EL Gato » (le chat, ndlr) Medina qui a gagné trois fois le Tour de Táchira. Comme je venais du même endroit et que j'étais jeune, les gens ont commencé à me comparer avec lui, d'où le surnom « El Gatico » (rires, ndlr).

Comment as-tu rejoins l'Europe ?

Les années précédentes plusieurs Vénézuéliens avaient déjà été membre de l'équipe Juniors OID Cycling Team et avaient obtenu de bons résultats. Donc l'équipe a conservé cette stratégie de faire venir chaque année les deux meilleurs jeunes du Venezuela, ceux qui se distinguaient lors des Championnats nationaux. J'ai eu la chance de voyager à Tenerife avec une grande partie de ma famille, ce qui a rendu le changement moins brusque.

Avec José Diaz, mon coéquipier vénézuélien j'ai également découvert un cyclisme différent en Espagne, plus professionnel avec un grand nombre de courses en circuit. J'ai côtoyé Carlos Rodríguez d'INEOS Grenadiers et Raul García Pierna de Kern Pharma. Cela m'a pris quelques courses à m'adapter à ce nouveau cyclisme, en ce qui concerne le placement dans les moments importants., mais nous y sommes parvenus.

Crédit photo : Tenerife BikePoint
Crédit photo : Tenerife BikePoint

Es-tu tombé amoureux de Tenerife ?

Oui. Ma première année U23 s'est bien passée avec l'équipe locale de Tenerife. On vivait aux Canaries et on se déplaçait pour disputer les courses sur la péninsule. L'équipe ne m'a jamais mis la pression.

Je vis à Guía de Isora et je m'entraîne habituellement dans la zone de Chío et de Santiago del Teide. Je vais aussi régulièrement grimper le Volcan Teide pour bénéficier de l'altitude.

A partir de la mi-janvier, les équipes professionnelles commencent à arriver au Teide dans le cadre de stages d'entraînement. Par exemple, l'an dernier j'ai eu la chance de réaliser l'ascension en compagnie de Tadej Pogacar et de sa formation UAE Team Emirates.

Peux-tu nous décrire ce qu'est une journée dans ta vie de cycliste ?

Le plus important est la récupération. Je dors entre huit et neuf heures. Je me lève à huit heures et demie puis je pars m'entraîner à dix heures. En général, les entraînements durent quatre heures même si cela peut descendre à deux heures et monter à six heures, en fonction de l'intensité. J'ai l'habitude de faire des séries de 30-30, trente secondes à fond puis trente secondes de récupération. Je travaille aussi les sprints avec départ arrêté ainsi qu'en gymnase. Comme beaucoup de cyclistes, j'essaie de rentrer tard à la maison afin d'étirer les repas. La nourriture est un combat permanent (rires, ndlr). Après, je sors marcher ou alors je me repose si je suis fatigué.

Mon entraîneur est maintenant Andrea Giorgi chez Drone Hopper-Androni Giocattoli.

Crédit photo : G Sport
Crédit photo : G Sport

Comment as-tu vécu l'année 2021, celle de ta meilleure saison avec G Sport ?

2021 a été une année incroyable. Le directeur Antonio Llopis m'a énormément soutenu. Je vivais avec l'équipe dans un appartement collectif à Genovés (Valence, ndlr). On avait un excellent matériel, G Sport le sponsor principal étant un fabricant de vêtements de grande qualité. Le calendrier était également excellent avec des compétitions en Espagne ainsi qu'au Portugal. Quand toutes ces conditions sont réunies, on peut aller très vite sur le vélo.

La Classique de Pascua a été un succès incroyable en fin de saison. C'est elle qui a fait que Gianni Savio (manager de Drone Hopper-Androni Giocattoli, ndlr) s'intéresse à moi et me donne cette grande opportunité. Quand tu disputes la Coupe d'Espagne U23 tu veux bien-sûr passer professionnel mais je ne pensais pas gagner ce jour-là, je voulais seulement bien terminer la Coupe d'Espagne. Toute la saison j'avais été aux avant-postes en terminant de nombreuses fois dans le top 10 et lors de la dernière course m'imposer enfin fût incroyable.

Comment as-tu rejoint Drone Hopper-Androni Giocattoli ?

Cette année, l'équipe G Sport aura également pour sponsor Drone Hopper et sera la filiale de la ProTeam Drone Hopper-Androni Giocattoli. Étant donné que l'an dernier, j'ai réalisé une grande saison et que les deux équipes deviennent partenaires, j'ai eu cette opportunité.

Crédit photo : Drone Hopper-Androni Giocattoli
Crédit photo : Drone Hopper-Androni Giocattoli

Connais-tu mieux tes nouveaux coéquipiers après le stage de Benidorm ?

Les douze jours du stage m'ont permis de connaître davantage mes coéquipiers. Avec les Italiens nous sommes parvenus à nous comprendre car de nombreux mots se ressemblent en espagnol et en italien. Mon compagnon de chambre était Brandon Vega. C'est toujours bien d'avoir des coéquipiers latino-américaines pour échanger dans notre langue.

Quel sera ton calendrier ?

Je devais débuter lors du Tour de Táchira mais mes débuts ont été repoussés à cause d'une grippe. J'attaquerai sûrement ma saison lors d'un trophée du Challenge de Majorque. Ensuite, je disputerai les classiques d'Almeria, Murcie et Jaen, au début du mois de février. Le Tour de Turquie ainsi que plusieurs courses italiennes figurent également à mon calendrier.

Aimerais-tu un jour pouvoir participer au Tour de Táchira ?

J'aimerais être un jour au départ du Tour de Táchira, surtout pour mon père. Quand j'étais petit, il disait toujours que son rêve était de me voir y participer. De plus, cela fait cinq ans que je ne suis pas retourné au Venezuela.

Quel est ton rêve ?

Mon rêve maintenant que je suis cycliste professionnel c'est de disputer un Grand Tour.

PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE