Santiago Buitrago : "L'esprit de vaincre de l'équipe déteint sur toi"
Le jeune Colombien vient de remporter son premier succès chez les professionnels lors du Saudi Tour. À
22 ans, Santiago Buitrago compte encore franchir d'autres paliers, en 2022, au sein d'une formation Bahrain - Victorious en progression constante. L'ambassadeur de la FUN Chaves peut confirmer dès cette semaine son nouveau statut lors du Tour de Catalogne. À
la découverte de Santiago Buitrago.
![Crédit photo : AFP](https://a5d1dfaf00.clvaw-cdnwnd.com/e0bd94f90e202c59746201902d69187e/200001094-c025ac025d/santiago%20buitrago%20pulling.jpg?ph=a5d1dfaf00)
"On s'est fait surprendre"
Es-tu satisfait de ton début de saison en Arabie Saoudite ?
Je suis très heureux de mon début de saison au Saudi Tour. C'était la première fois que je courrais au Moyen-Orient, je n'avais jamais participé à une épreuve de ce type. Les étapes venteuses avec des tempêtes de sables ont été très difficiles. C'était quelque chose de nouveau pour moi mais j'avais à mes côtés une excellente équipe. Je n'ai pas réussi à conserver le maillot de leader à cause des bordures. On s'est fait surprendre par Maxim van Gils ainsi que par les équipes Quick Step - Alpha Vinyl et DSM lorsque nous étions mal placés, puis lorsque nous avons voulu réagir il était déjà trop tard, les autres équipes n'assurant pas la poursuite avec nous.
Jusqu'à la ligne d'arrivée, on ne savait pas si on avait perdu le maillot de leader et quels coureurs étaient à l'avant car les oreillettes ne fonctionnaient plus. Van Gils mérite sa victoire. Quant à moi, je suis très heureux de ma victoire d'étape et d'avoir pu disputer le classement général pour ma première course de l'année, qui plus est en terrain inconnu. Cela me motive pour le reste de la saison. J'aimerais revenir sur le Saudi Tour à l'avenir et disputer le Tour des Emirats Arabes unis ou le Tour d'Oman, ce sont de très belles épreuves pour débuter la saison en raison du bon climat et de la largeur des routes.
![Crédit photo : Sprint Cycling Agency](https://a5d1dfaf00.clvaw-cdnwnd.com/e0bd94f90e202c59746201902d69187e/200001095-a7593a7596/santiago%20buitrago%20saudi%20tour.jpeg?ph=a5d1dfaf00)
"Nous étions une vraie famille"
Quel parcours as-tu suivi ?
Je suis arrivé en Europe, en 2019, au sein de l'équipe Cinelli, en Italie. Auparavant, je courrais pour Banco AV Villas en Colombie, lors de ma première saison U23. Quand j'évoluais chez Cinelli, je ne pensais pas que ma progression serait aussi rapide. Je me voyais plutôt y aller étape par étape, d'abord au sein d'une formation Continentale Pro, avant de peut-être atteindre le World Tour.
Auparavant, qu'as-tu appris au sein de la Fundación Esteban Chaves ?
J'étais présent lors de deux premières années d'existence de la Fundación Esteban Chaves, j'y ai connu Esteban, Brayan, Jairo et Carolina Chaves, l'entraîneur Wilson Sandoval mais aussi Einer Rubio et Daniel Méndez avec lesquels je suis resté en contact. Nous étions une vraie famille tous les jours, en ce qui concerne les entraînements mais pas seulement. Je me souviens de la phrase « les rêves se réalisent », le slogan de la fondation. Maintenant que je réalise mes rêves, je suis l'un de leurs ambassadeurs. On m'a enseigné de magnifiques valeurs comme l'amitié, la reconnaissance envers les personnes qui nous aident ainsi que la résilience. M'entraîner avec Esteban Chaves en Colombie mais aussi en Europe désormais et partager certaines compétitions avec lui est une fierté pour moi, j'imagine que lui aussi ça le rend fier de voir que son projet fonctionne. Plus qu'emmener les jeunes sur les compétitions sportives, la fondation leur apprend à devenir de meilleures personnes et les écarte des mauvais chemins qu'ils pourraient suivre.
Aujourd'hui, la fondation ne se limite plus au cyclisme. Elle est devenue une école formant des sportifs mais surtout des individus. Elle vient également en aide aux enfants souffrant d'handicap et fait comprendre à tous ses membres l'importance des études, par exemple apprendre une autre langue, et de respecter ses proches.
![Crédit photo : FUN Chaves](https://a5d1dfaf00.clvaw-cdnwnd.com/e0bd94f90e202c59746201902d69187e/200001096-c1134c1136/Santi-Buitrago%20FUN%20Chaves.jpg?ph=a5d1dfaf00)
"Je n'ai jamais cessé d'y croire"
Peux-tu nous raconter ton expérience italienne au sein du Team Cinelli en 2019 ?
Je vivais dans la région de Ligurie, dans un petit village appelé Ferrara. J'ai été accueilli par une famille que je considère comme mes parents en Europe. Ils m'ont aidé à apprendre l'italien, ce sont eux qui me soignaient quand je chutais en course. J'adore courir en Italie, lorsque je suis en compétition dans ce pays j'ai la sensation de retourner là où j'ai débuté et tant appris.
De plus, j'ai partagé cette expérience avec Einer Rubio, même si nous étions dans des clubs différents. Quand je suis arrivé en Italie, il représentait déjà une formation amateur italienne (Vejus TMF, ndlr). Après que nous nous soyons déjà connus au sein de la FUN Chaves, on a vécu de grandes choses dans la Botte. Lui faisait déjà parti des meilleurs quand je débutais sur le calendrier italien, tout le monde le respectait et grâce à notre amitié, j'ai beaucoup appris.
As-tu connu des moments de doute dans ton adaptation au cyclisme européen ?
Les chutes et les mauvais moments du début m'ont permis de me forger avec plus de motivation et de confiance en moi. Je n'ai jamais cessé de croire en mes rêves malgré une acclimatation difficile au début, notamment en raison du climat italien rude en hiver, en comparaison avec le doux climat colombien. J'ai commencé à récolter les fruits de mon travail lors des quatre derniers mois. Course après course, je gagnais, je montais sur le podium ou me classait parmi les dix premiers.
![Crédit photo : Team Cinelli](https://a5d1dfaf00.clvaw-cdnwnd.com/e0bd94f90e202c59746201902d69187e/200001097-2e1c02e1c2/BUITRAGO-SANCHEZ-SANTIAGO-2019-TEAM-CINELLI-XGGSGGZGZAA.jpg?ph=a5d1dfaf00)
"Je n'y croyais pas mes yeux"
Comment as-tu débarqué puis évolué au sein du Team Bahrain - McLaren (devenu Bahrain - Victorious) ?
J'ai rejoint Bahrain - McLaren grâce à mes managers (Mauricio Fondriest, Paolo Alberati et Andrea Bianco, ndlr). À la suite des résultats que j'obtenais, ils me disaient que des propositions d'équipes arrivaient. Lorsque l'offre de la Bahrain - McLaren m'est parvenue, je n'ai pas hésité une seconde. On s'est rencontré à Pise afin de discuter du projet de l'équipe et de signer un contrat.
Ensuite, j'ai vécu surprise après surprise. J'ai passé le Tour de Lombardie 2019 au sein du bus de l'équipe, puis en décembre j'ai fait la connaissance de Mikel Landa, Mark Cavendish et Pello Bilbao lors du premier camp d'entraînement. Je n'en croyais pas mes yeux, pas plus que lorsqu'ils nous ont invité aux usines McLaren, en Angleterre. L'équipe a toujours été au petit chevet avec moi, tous mes coéquipiers m'ont aidé à grandir. Au début, je ne comprenais rien du tout, ne parlant pas un mot d'anglais, mais ils m'ont soutenu. L'entente est excellente chez nous. C'est déjà ma troisième saison avec eux et c'est beau de m'être aussi bien adapté à ce nouvel environnement.
La Vuelta 2020, ton premier Grand Tour, a-t-elle marquée un avant et un après dans ton début de carrière, notamment en ce qui concerne ta vision du cyclisme et ton rapport à l'entraînement ?
Participer à la Vuelta, en 2020, a changé ma façon de lire les courses et de m'entraîner. Cela m'a fait prendre davantage conscience de l'exigence du cyclisme. Alterner les étapes où je terminais dans le top 20 et d'autres où je luttais pour entrer dans les délais à quarante minutes du vainqueur m'a donné la motivation de revenir plus fort et de continuer à m'entraîner dur. C'est aussi grâce au fait d'avoir une course de trois semaines dans les jambes que j'ai progressé, l'an passé.
![Crédit photo : Sprint Cycling Agency](https://a5d1dfaf00.clvaw-cdnwnd.com/e0bd94f90e202c59746201902d69187e/200001098-8571485716/Santiago-Buitrago-Bahrein-2020-1.jpg?ph=a5d1dfaf00)
"Fier d'avoir pris part à notre meilleure saison"
Lors de cette Vuelta, j'ai grimpé l'Angliru, mon ascension la plus difficile à ce jour. J'ai eu énormément mal à rallier l'arrivée, dès le départ je sentais que j'étais dans un « jour sans ». J'ai été distancé d'emblée et les sprinters me dépassaient (rires, ndlr). J'ai perdu quasiment quarante -cinq minutes, ce jour-là. Lorsque j'ai redescendu l'Angliru à vélo, il faisait déjà nuit (rires, ndlr). Je n'oublierai jamais cette expérience.
En 2021, tu étais présent sur le Critérium du Dauphiné et le Tour de Burgos, deux des épreuves sur lesquelles le Team Bahrain - Victorious a le plus performé, est-ce une fierté ?
Pour moi, c'est très important d'avoir participé aux courses lors desquelles l'équipe a brillé. Cela te motive de travailler pour des coéquipiers dont la mentalité est toujours de gagner. Cet esprit de vaincre se répand dans l'équipe et déteint sur toi. À Burgos, j'ai pu disputer le maillot blanc en plus de l'objectif collectif de remporter le classement général avec Mikel Landa. On a terminé cette semaine avec trois coureurs (Mikel Landa, vainqueur, Mark Padun, troisième et Santiago Buitrago, huitième, ndlr) dans le top 10. Je suis très heureux d'avoir contribué à la meilleure saison de l'équipe et j'espère que l'on rééditera en 2022.
![Crédit photo : Getty Images](https://a5d1dfaf00.clvaw-cdnwnd.com/e0bd94f90e202c59746201902d69187e/200001101-9046190465/santiago%20buitrago%20burgos-6.jpg?ph=a5d1dfaf00)
"Je me prépare pour le Giro"
Quelle est l'importance des stages en altitude de l'équipe, comme ceux réalisés au Teide ?
L'équipe apprécie les stages en altitude. Après le Tour de Catalogne, nous allons en réaliser un au Teide, ce sera mon troisième là-bas. Nous dormons en altitude et nous cherchons à améliorer notre condition physique lors des séances d'entraînement. À Bogotá, je vis à 2600 mètres d'altitude mais lorsque l'on passe ensuite plusieurs semaines au niveau de la mer, on perd rapidement les bienfaits de l'altitude, c'est également la raison pour laquelle je prends part à ces stages.
Connais-tu ton programme de courses ?
Je vais participer dès lundi au Tour de Catalogne, puis après une période en altitude au Teide, je serai au départ du Tour des Alpes. Nous verrons, ensuite, si je dispute le Giro. Je me prépare pour ce Grand Tour mais on ne connaît pas encore la sélection définitive, seule la présence de Mikel Landa est pour le moment confirmée.
Quel est ton rêve ?
Mon grand rêve reste de remporter un jour le Tour de France.
PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE