Sebastián Pita : "Démontrer tout ce que j'ai appris en Belgique"

17/09/2021

Unique représentant équatorien lors du prochain Mondial Juniors, Sebastián Pita s'est exporté en Belgique. À 17 ans, il s'adapte à un nouveau continent chez Start Junior. Entre vie à Oudenaarde, montée du Mur de Grammont et reconnaissance des pavés de Paris-Roubaix. à la découverte d'un jeune descendu des hauts plateaux andins pour vivre son rêve de flandrien.

Sebastián, comment as-tu commencé le cyclisme ?

J'ai commencé à l'âge de cinq ans dans le club 53 Once, qui est l'école de cyclisme de mon père. J'ai débuté parce que mon père Marco et mes trois frères, Cristian, Darío et Diego, étaient cyclistes. Je viens d'un milieu où tout le monde pratique le vélo : mes grands-parents, mes oncles et mes cousins. Ma famille m'a toujours soutenu.

T'entraines-tu en famille quand tu te trouves en Équateur ?

Oui. Je m'entraîne avec mon frère Cristian (vice-champion panaméricain et coureur de Best PC Ecuador, ndlr) ainsi qu'avec mon autre frère Darío, qui est également mon entraîneur et mon nutritionniste.

Pratiques-tu le VTT et le cyclisme sur piste en plus de la route ?

Mes débuts se sont faits par le VTT, mais maintenant je me concentre davantage sur la route et la piste. Cette année, j'ai obtenu la médaille d'or lors des Championnats d’Équateur Juniors en omnium ainsi qu'en élimination, sur piste, et sur la course sur route. Ma préférence va néanmoins à la route.

Un maillot du club de son père, 53 Once, conçu par Kidy Sport, la marque de son frère Cristian. Crédit photo : TIMS Ecuador
Un maillot du club de son père, 53 Once, conçu par Kidy Sport, la marque de son frère Cristian. Crédit photo : TIMS Ecuador

Penses-tu que le fait de vivre à 2500 mètres d'altitude est un avantage pour toi ?

Je pense que c'est très avantageux de venir des hauteurs pour courir au niveau de la mer. Je remarque que quand je suis en altitude, j'ai davantage d'oxygène et que ma fréquence cardiaque et ma récupération sont meilleures.

Connais-tu Richard Carapaz, les cousins Cepeda et Martín López qui vivent soit dans ta province d'Imbabura ou dans les provinces voisines du Carchi et du Sucumbíos ?

J'habite à environ deux heures d'Alexander et Jefferson ​​Cepeda et à une vingtaine de minutes de Richard Carapaz et de Martín López. Je connais très bien Martín López. Nous sommes de la même province.

Comment as-tu intégré l'équipe Start Junior ?

Mon frère Cristian a couru en 2017 pour Start Cycling, qui est l'équipe continentale de Start Junior. En début d'année, on a vu qu'ils formaient une équipe Juniors. Alors mon frère qui a toujours le contact de mon directeur sportif Mauricio Frazer m'a recommandé à lui.

De nombreux jeunes de l'équipe viennent de pays différents comme Cuba, le Mexique, l'Uruguay et le Chili, comment est l'ambiance dans l'équipe ?

C'est un très bon environnement. Nous sommes tous coéquipiers et nous nous entendons très bien. Nous sommes onze cyclistes dans la catégorie Juniors. Nous vivons dans la même maison même si nous avons chacun notre chambre et nous dînons ensemble. C'est une excellente expérience car nous devons faire des choses que nous ne faisions pas auparavant, comme sortir faire nos courses par exemple. Il y a des coureurs qui sont ici depuis mars. J'avais prévu de venir en avril, mais je n'ai pas pu quitter l’Équateur à cause de problèmes de visa. Je suis donc arrivé il y a exactement un mois.

À droite, Sebastián porte le maillot de champion d'Équateur Juniors. Crédit photo : Start Junior
À droite, Sebastián porte le maillot de champion d'Équateur Juniors. Crédit photo : Start Junior

Comment se sont déroulés la Ronde des Vallées, en France, et le Grand Prix Rüebliland, en Suisse, tes deux premières grandes courses par étapes européennes ?

Pour moi, c'étaient des courses difficiles. La Ronde des Vallées, je n'ai pas pu la finir car c'était ma première semaine depuis mon arrivée en Belgique. Il m'a fallu du temps pour m'adapter au vélo et au niveau européen car c'est le meilleur niveau au monde dans ma catégorie. Le Grand Prix Rüebliland, je n'ai pas réussi à la terminer non plus à cause de deux chutes. J'étais assez touché et je n'ai pas pu franchir la ligne d'arrivée lors de la dernière étape. Mais heureusement, je ne me suis rien fracturé.

As-tu disputé d'autres épreuves ?

Oui, nous avons disputé plusieurs classiques en Belgique à Balegem, Woubrechtegem, Kortemark, Wynendaele et Melsele. Mon meilleur résultat jusqu'à présent a été une quatrième place au sprint, lors du Grand Prix Sfeercafe Ricordi - Torhout-Wijnendale.

Quel type de coureur es-tu, quel est ton point fort et à l'inverse ton point faible ?

Je me considère comme un coureur de classiques. Je pense que ma force est le sprint. Pour m'améliorer en montée, j'aurais besoin de perdre beaucoup de poids. Je pense qu'avec le temps, je pourrais corriger cette lacune afin de devenir un coureur plus complet. Nous partageons quelque peu le même profil avec Jhonatan Narváez. Il est très performant lors des courses d'un jour.

L'Équatorien sillonne désormais les routes belges.
L'Équatorien sillonne désormais les routes belges.

Comment t'adaptes-tu à l'Europe, aimes-tu ta nouvelle vie ?

Oui, je me plais vraiment. La première semaine j'ai eu du mal à m'adapter car je n'étais pas en présence de ma famille et que je devais cuisiner moi-même, mais maintenant je me suis adapté et j'apprécie beaucoup mon nouveau style de vie.

Sur les routes belges, sens-tu qu'il y a également des différences par rapport à celles d’Équateur ?

Oui, il y a beaucoup de différences. Par exemple, ici il est très rare de trouver une montée longue, ce sont des montées de un ou deux kilomètres, des repechos.

Es-tu à l'aise dans les bordures ?

Au début c'était très difficile pour moi de remonter en tête du peloton, mais à présent je me sens capable d'être offensif à l'avant et d'intégrer les échappées. J'ai disputé plusieurs courses avec des bordures. J'apprends énormément de choses comme me positionner dans le peloton et je découvre le niveau européen. Malheureusement en Équateur il n'y a pas autant de compétitions.

Apprécies-tu les pavés ?

J'ai vraiment aimé le Kapelmuur (Mur de Grammont). C'est une montée difficile. J'ai également escaladé le Koppenberg. Ces ascensions sont les deux seules avec des pavés que je connais pour le moment.

En pélérinage ! Sebastián devant la chapelle du Mur de Grammont.
En pélérinage ! Sebastián devant la chapelle du Mur de Grammont.

Comment te sens-tu à l'aube des Mondiaux ?

Je me sens plutôt calme parce que mon adaptation se déroule bien. Je suis confiant sur mes capacités à pouvoir être là dans le peloton. Mais je ne peux promettre aucun résultat car ce sera la première fois que je vais courir avec autant de coureurs et à un niveau aussi élevé. De plus, c'est ma première compétition où je représente mon pays.

Quelle est ton ambition, as-tu reconnu le parcours avec tes coéquipiers ?

Ce que je souhaite, c'est démontrer tout ce que j'ai appris ici depuis mon arrivée en Belgique et représenter mon pays de la meilleure façon possible. Nous sommes allés reconnaître le circuit du mondial. C'est un parcours assez difficile avec quatre murs très durs. J'ai la sensation que je pourrais m'accrocher et réaliser de belles choses.

Après les Championnats du monde, participeras-tu à Paris-Roubaix ?

Ce jeudi, nous avons eu une séance d'entraînement en groupe et nous sommes allés reconnaître Paris-Roubaix avec la voiture accompagnatrice car la semaine après les Championnats du monde nous serons présents dans la catégorie Juniors. Nous avons reconnu les sections que nous traverserons lors de la compétition. J'ai beaucoup aimé rouler sur les pavés.

PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE