STRADE BIANCHE : PREVIEW
Du sable au gravier, Mathieu van der Poel et Wout van Aert, le tentant du titre, s'affrontent pour la première fois sur route, cette année. Julian Alaphilippe, ancien lauréat, est l'autre favori. La Classique des chemins blancs s'annonce épique. La start-list n'a jamais été aussi fournie à Sienne au départ de ce Monument en puissance. Classicmen et grimpeurs seront réunis. Présentation.

La course
Date: Samedi 6 mars 2021
Catégorie: World Tour (WT)
Lieu: Italie (Toscane)
Édition: 14ème
Format: classique, course d'un jour
Parcours: 184km entre Sienne et Sienne
Profil: puncheur
Équipes: 19 WT + 6 PT (25)
Participants: 175
TV: Eurosport
Record de victoire: Fabian Cancellara (3)
Tenant du titre: Wout van Aert (Jumbo Visma)
Les favoris
***** Julian Alaphilippe, Wout van Aert
**** Mathieu van der Poel, Jakob Fuglsang, Bauke Mollema, Tadej Pogacar
*** Davide Formolo, Alberto Bettiol, Tom Pidcock, Romain Bardet, Michal Kwiatkowski, Zdenek Stybar, Egan Bernal, Greg van Avermaet
** Joâo Almeida, Stefan Kung, Alex Aranburu, Tim Wellens, Ivan Garcia Cortina, Gianluca Brambilla, Pello Bilbao
* Simon Yates, Andrea Vendrame, Pavel Sivakov, Gorka Izagirre, Matej
Mohoric, Alejandro Valverde, Emanuel Buchmann, Clément Venturini,
Valentin Madouas
L'homme à suivre
Wout van Aert. Le dernier vainqueur à Sienne est un authentique spécialiste des Strade Bianche. En trois participations, le Belge est tout le temps monté sur le podium : troisième en 2018, troisième en 2019 et vainqueur en 2020. L'an dernier, il débutait sa saison triomphale qui allait ensuite le voir remporter Milan San Remo et deux étapes du Tour de France. Van Aert dispose du profil parfait pour la Classique des chemins blancs. La course est idéale pour les flandriens grimpeurs, ce qu'est devenu le Belge chez Jumbo Visma. Cependant, les Strade Bianche seront la première course sur route de l'ancien triple champion du monde de cyclo-cross, en 2021. Sa condition n'est toutefois pas mauvaise. En stage d'entrainement autour du Volcan Teide, aux îles Canaries, "WVA" a réalisé au total 2300 kilomètres et avalé 41 000 mètres de dénivelé positif. Arrivé légèrement en surpoids en Espagne, il y a perdu deux kilos. Van Aert a effacé des tablettes de nombreux records d'ascension sur l'application Strava. Ses principaux adversaires seront Mathieu van der Poel, son rival de toujours et Julian Alaphilippe, un coureur qu'il commence à bien connaitre après les passes d'armes que les deux homme se sont livrés. L'un comme l'autre chercheront à marquer leur territoire d'emblée. Un avantage psychologique au moment d'attaquer la campagne des classiques est toujours bon à prendre. Les Strade Bianche sont le premier round du combat à trois pour devenir le maître des classiques.

Parlons-en
Egan Bernal. Le Colombien retrouve ses jambes en ce début d'année. Sa difficile saison 2020 semble pour le moment derrière lui. Il a déjà obtenu des podiums sur le Tour de la Provence et même sur le Trofeo Laigueglia, une course d'un jour. Bernal aime les classiques italiennes. Il a remporté un Gran Piemonte et terminé sur le podium du Tour de Lombardie, de Gran Torino et donc du Trofeo Laigueglia. Il sera d'autant plus intéressé par l'épreuve toscane que le Giro, son grand objectif de la saison, empruntera ses fameux chemins blancs, en mai prochain. Le vainqueur du Tour de France 2019 souhaite reconnaitre le parcours de la onzième étape du Giro. On n'oubliera pas non plus que le coureur de 24 ans est également un ancien vététiste. Il a pris des médailles d'argent et de bronze lors des Championnats du monde juniors de VTT en 2014 et 2015. Ensuite, l’une de ses deux premières courses en Italie avant de rejoindre Androni Giocattoli Sidermec, en septembre 2015, était le Trofeo di Autunno del Monte Pisano-Sognando il Giro delle Fiandre (Le Rêve du Tour des Flandres), une classique italienne réputée chez les jeunes, se déroulant sur les chemins blancs toscans. Bernal s'était imposé en solitaire et avait définitivement convaincu Gianni Savio, le manager de la ProTeam italienne de lui offrir son premier contrat professionnel. Donc si c'est sa première participation aux Strade Bianche, l'Aigle de Zipaquirá n'est pas un novice en la matière. Il pourrait en impressionner plus d'un samedi.

Le coup de jeune
Tom Pidcock. Le Britannique a réalisé un excellent week-end d'ouverture, en Belgique. Il s'est montré offensif lors de l'Omloop Het Nieuswblad avant de prendre la troisième place de Kuurne Brussel Kuurne, au sprint, le lendemain. Tom Pidcock a par ailleurs ciblé les Strade Bianche comme l’un de ses principaux objectifs pour sa découverte du World Tour, chez INEOS Grenadiers. Pidcock et à l’instar d'Egan Bernal un ancien vététiste. Mieux encore, il pratique toujours la discipline comme Mathieu van der Poel. Il devrait prendre part aux Jeux Olympiques dans la modalité cross-country. La classique italienne semble taillée pour lui. Elle n'est pas trop longue. Seulement 184 kilomètres de courses sont au menu des coureurs. Tom Pidcock qui n'a pas encore la caisse d'un routier confirmé appréciera, tout comme les montées toscanes nécessitant un vrai punch. Au côté de l’ancien double vainqueur Michal Kwiatkowski, néanmoins diminué par sa chute lors du Trofeo Laigueglia et d'Egan Bernal, le jeune britannique formera un trident très attendu. Seront-ils capables de rivaliser collectivement avec la formation Deceuninck - Quick Step ? La confrontation entre les deux équipes sera l'une des clés de la course.

L'armada
Deceuninck - Quick Step. La formation belge compte deux anciens vainqueurs dans ses rangs : Zdenek Stybar, le lauréat de 2015 et Julian Alaphilippe, celui de 2019. Joao Almeida, Davide Ballerini et Kasper Asgreen, moins surveillés, auront également une chance de s'imposer. Ils sont tous les trois en grande forme. L'Italien est même le coureur le plus victorieux de l’année à ce stade de la saison. Il a glané trois bouquets (l'Omloop Het Nieuswblad et deux étapes du Tour de la Provence). Tim Declercq, l'homme à tout faire de l'équipe, n'est pas présent mais le Wolf Pack pourra compter sur deux autres équipiers dévoués et expérimentés : Dries Devenyns et Pieter Serry. Julian Alaphilippe sera au centre de toutes les attentions. Cependant Mathieu van der Poel et Wout van Aert, les deux autres extraterrestres étant là, il ne devrait pas avoir la pancarte comme cela a déjà été le cas par le passé. Stybar a remporté la course, il y a cinq ans déjà. Surtout, en six participations, le Tchèque a toujours fini dans le top 10. Son pire résultat sur la Piazza del Campo de Sienne est une septième place en 2018, lors de l’édition remportée par Tiesj Benoot, sous la pluie. Ce jour-là, les coureurs avaient finis méconnaissables, le visage recouvert de boue. Contrôler ou dynamiter, quelle sera l'attitude des Deceuninck - Quick Step ?
Le parcours

À ne pas manquer
Monte Sante Marie. Long de 11,4 kilomètres, ce
chemin blanc est le deuxième plus long de la course après le Lucignagno
d'Asso (11,9 kilomètres). Il représente toujours un moment très
important des Strade Bianche à l'instar du San Martino in Grania, qui le
précède, et du Colle Pinzuto, la dernier secteur difficile. La fin du
Monte Sante Marie est jugée à cinquante kilomètres de l'arrivée. Un
premier écrémage sera fait. Seulement quinze hommes devraient encore être
en mesure de s'adjuger l'épreuve une fois le secteur franchi. La
difficile arrivée sur la Piazza del Campo, jugée après un petit mur d'un
kilomètre, est spectaculaire mais rarement décisive. Hormis en 2019
lorsque la bataille avait encore fait rage dans le dernier kilomètre
entre Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang, le vainqueur à Sienne lève
souvent les bras en solitaire après avoir fait la sélection dans l'un
des chemins blancs répertoriés.

La décla'
"Clairement, je me sens bien, mais je pense que je ne suis pas dans la même condition qu'en 2019 quand j'ai gagné les Strade Bianche, deux étapes sur Tirreno et Milan-San Remo. C'était une grande période pour moi, j'étais vraiment bien. je ne me sens pas comme à cette période en ce moment, mais les sensations vont bien. il y a beaucoup de courses qui vont s'enchaîner et qui me plaisent beaucoup, ça va être une grosse période jusqu'à Liège-Bastogne-Liège. Donc j'espère que la condition va aller de mieux en mieux et que je vais décrocher un beau résultat d'ici la fin des Classiques. [...) J'ai essayé de gérer au mieux mon début de saison, de bien récupérer après chaque course. Depuis ma première course, je vois comment je me sens et ça va plutôt dans le bon sens, donc je ne suis pas du tout inquiet, mais il faut rester concentré, faire une belle course samedi, essayer de ne pas se blesser parce que c'est une course où il y a quand même pas mal de chutes.
Ça va être un bon bloc : Strade, Tirreno, Milan, ce sont des grosses courses qui vont être importantes pour la fin des Classiques. Ça, on ne peut pas y faire grand-chose. Il faut courir, rester concentré sur ce qu'on a à faire. Je pense que je ne suis pas le seul coureur attendu ou surveillé, et même quand je suis surveillé j'essaie d'en faire profiter l'équipe comme j'ai essayé de le faire sur l'Omloop, et ça a bien fonctionné. Il faut savoir profiter de ces situations aussi. La condition est vraiment bien, je suis content. C'est sûr que je n'ai pas encore gagné de course, mais je n'en ai pas fait beaucoup non plus. Je suis content des sensations qui reviennent bien, je suis très motivé et forcément j'ai hâte de regagner le plus vite possible et il n'y a que des belles courses qui arrivent. Je suis motivé et j'espère que ça va marcher dans pas longtemps." (Julian Alaphilippe, Deceuninck - Quick Step)
AYMERIC PEZE