Thomas Silva : "Le cyclisme national a peu évolué"

25/06/2022

Le champion d'Uruguay vient de terminer deuxième du classement général de la Coupe d'Espagne pour sa troisième saison en péninsule ibérique. À 21 ans, Thomas Silva est l'un des hommes forts du cyclisme amateur espagnol chez Previley Coforma. En manque d'opportunités dans son pays qu'il regagne cependant chaque hiver, le coureur de Maldonado brigue un contrat professionnel. À la découverte de Thomas Silva et portrait du cyclisme uruguayen.

Comment as-tu débuté le cyclisme ?

Je suis originaire de Maldonado (au Sud-Est de l'Uruguay sur la façade Atlantique, ndlr). Cette région possède une grande tradition liée au cyclisme et compte de nombreux coureurs de qualité. J'ai débuté à l'âge de cinq ans. Nous sommes une famille très cycliste, mes grands-parents nous ont transmis cela de génération en génération.

J'ai couru jusqu'à mes onze ans où je me suis rendu compte que je m'ennuyais, car avec le calendrier uruguayen il y avait une course dans chaque département. Donc, il fallait énormément voyager pour finalement peu courir : seulement un kilomètre quand j'avais cinq ans, puis dix à huit ans. C'est pourquoi je me suis mis au foot, cependant ce sport ne me satisfaisait pas pleinement. Après avoir vu mon cousin participer à des courses, j'ai eu l'envie de retourner au cyclisme à 14 ans.

Es-tu à 100% routier ?

J'ai l'habitude de pratiquer le VTT lors de mes pré-saisons afin de me divertir et de varier les entraînements. J'ai également participé à des championnats nationaux sur piste, il y a quelques années.

Quel type de coureur es-tu ?

Je suis un coureur complet mesurant 1 mètre 76 pour 64 kg. Je m'adapte à tout type de terrain. S'il y a une arrivée massive, je suis capable de me mêler au sprint et lors des parcours difficiles je suis généralement en mesure de me porter à l'avant. Néanmoins, je me débrouille moins bien en haute montagne face à de vrais grimpeurs.

J'aime quand la course se durcit et les arrivées en petit comité, sans les purs sprinters.

Cette saison est ta troisième en Espagne, comment as-tu rejoins ce pays ?

Un manager m'a contacté après mes victoires lors de la course sur route et du contre-la-montre des Championnats d'Uruguay Juniors en 2019, quand je me trouvais alors dans ma deuxième année dans cette catégorie. Il m'a offert la possibilité de courir en Espagne.

La première fois, je suis venu à dix-sept ans. J'ai eu la chance que mon père et mes oncles se rendent en terre ibérique avec moi afin de voir à quoi je devais m'attendre.

Cette année-là, j'ai vécu dans la maison de l'équipe (Team Arte en Transfer-LPS, ndlr) avec des coéquipiers du même âge, ce qui a facilité mon intégration.

Es-tu satisfait de ton début de saison ?

Cette année, l'objectif était de participer aux Championnats nationaux avant de disputer la Coupe d'Espagne avec Previley Coforma. Après mon titre sur la course sur route, j'ai réalisé une très belle Coupe d'Espagne en terminant deuxième du classement général même si j'aurais également apprécié remporter une manche.

Est-ce une fierté d'arborer ton maillot de champion national Élites ?

Je suis très heureux de représenter le drapeau de mon pays en Espagne. L'équipe m'a concerté pour que je choisisse les derniers détails de mon maillot de champion national à mon arrivée.

J'ai déjà été champion chez les Juniors mais c'est la première fois que j'ai pareil maillot distinctif.

Comment se sont déroulés tes deux mondiaux avec ta sélection nationale ?

J'ai aussi porté les couleurs de mon pays lors des Championnats du monde Juniors en 2019 et Espoirs l'an dernier.

J'ai toujours rencontré des problèmes au moment de voyager pour les mondiaux. Quand j'étais Juniors, je me souviens avoir dû voyager seul pour l'Angleterre et perdu mes vélos lors de l'une des correspondances. L'an dernier, je suis bien arrivé en Flandres et j'ai pu compter sur le soutien de Mauricio Frazer ainsi que de son équipe Start Cycling, mais j'ai connu une crevaison qui m'a perturbé lors de la course. Ces expériences restent cependant les plus belles choses qui me sont arrivées dans ma carrière [...]

L'Uruguay n'a pas toujours les points nécessaires pour participer à ces évènements et souvent l'officialisation des invitations intervient tard, ce qui n'est pas optimal dans la préparation de l'athlète.

Quelle est la place du cyclisme dans la culture uruguayenne ?

En Uruguay, le sport principal est le football. C'est ce qui rassemble le plus ! Tous les autres sports viennent après dans la hiérarchie. Être cycliste en Uruguay n'est pas difficile, ce qui l'est c'est d'atteindre un bon niveau et de passer professionnel. Beaucoup sont limités car ils n'ont pas la chance d'avoir les contacts pour courir à l'étranger. De plus, s'il y a de nombreux clubs, plus rares sont les compétitions et le terrain est globalement plat. Il y a quelques routes plus difficiles que d'autres mais les ascensions les plus longues n'excèdent pas les trois kilomètres. L'altitude maximale ne doit pas non plus dépasser les 700 mètres. Le vent souffle également très fort car l'Uruguay a de nombreuses zones côtières.

As-tu voyagé dans les pays voisins pour disputer plus de courses ?

Quand j'étais Juniors, nous voyagions souvent au Brésil ainsi qu'en Argentine pour rechercher une plus forte adversité, comme lors de la Coupe Hans Fischer et des Tour de Brusque et de Santa Catarina (Brésil, ndlr). Cette année, le Tour d'Uruguay, classé UCI, n'a pas eu lieu, cependant c'est une course lors de laquelle les Uruguayens ont l'habitude de se confronter aux Brésiliens et Argentins.

Quelle est l'importance du Tour d'Uruguay et de la Route des Amériques ?

Le Tour d'Uruguay, en avril, a toujours été une course UCI, tandis que la Route des Amériques, fin février, bien que d'un niveau légèrement inférieur, a aussi toujours été un objectif important pour n'importe quelle équipe uruguayenne.

Fabricio Ferrari et Mauricio Moreira, passés à l'échelon Continental Pro, chez Caja Rural-Seguros-RGA sont-ils des personnalités publiques dans ton pays ?

Dans le milieu du vélo, ils sont très connus ici. Cependant, ils n'ont pas atteint le grand public, les Uruguayens « normaux » ne suivant pas de près le cyclisme. Certains médias locaux évoquent nos résultats mais il reste encore du chemin à parcourir.

Malgré leurs performances, le cyclisme national a peu évolué.

Connais-tu tes prochaines courses ?

Après avoir terminé la Coupe d'Espagne, nous allons attaquer la période des « tours ». Je participerai aux tours d'Estrémadure (15-19/06), Zamora (12-17/07), Madrid (20-24/07) et Tolède (05-07/08).

Quels sont tes objectifs à long terme ?

Mon ambition première est de passer professionnel, puis si possible d'évoluer en World Tour et de prendre part aux Jeux Olympiques.

PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE